Contibution pour le rapport des 1000 premiers jours (décembre 2019)
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
Les enfants ont besoin de nature pour grandir, dès les 1000 premiers jours de leur vie
Par Gillian Cante et Moïna Fauchier Delavigne
On sait déjà tous aujourd’hui que les enfants sont beaucoup trop sédentaires. C’est un problème majeur de santé publique. On sait aussi que la nutrition, le sommeil, l’activité physique et l’attachement sont essentiels pour la santé, dès les 1000 premiers jours.
Il est donc dorénavant recommandé d’éviter les écrans avant 3 ans. Mais le jeu dehors pourrait aussi représenter un antidote à la vie trop sédentaire des enfants et leur offrir aussi l’espace, le calme et les possibilités de découverte, de prise de risque et d’émerveillement dont ils ont besoin.
En France, nous sommes au début d’une prise de conscience. Pour la première fois, le rapport de Sylviane Giampino17 mentionne spécifiquement le besoin de nature pour les enfants. Ce besoin est ensuite reconnu officiellement au niveau national, dans un guide ministériel18. On peut ainsi lire, en 6e position parmi les “Dix principes pour grandir en confiance" en annexe : "le contact réel avec la Nature est essentiel à mon développement". Mais il est peu développé : il apparaît sur une ligne en 110 pages et aucune recommandation n’est faite sur la nécessité de sorties fréquentes et régulières en plein air. Ni sur les moyens pour les encourager.
En Finlande par exemple, dans le curriculum national de 2018 pour les 0 à 6 ans, un chapitre sur cinq est consacré à l’importance d’explorer et interagir avec son environnement, notamment par des sorties régulières et le jeu libre à l’extérieur. Dans tout le pays, les petits passent plusieurs heures dehors tous les jours, dans des espaces riches en nature.
Que pendant leurs 1000 premiers jours, TOUS les enfants puissent sortir quotidiennement et bénéficier d’un endroit riche en nature. Quel que soit le mode d’accueil, le lieu de vie et les moyens des parents.
Il faut aussi faciliter la mise en lien entre professionnels de petite enfance et associations d’éducation par la nature et leurs animateurs nature : ces derniers pouvant être des soutiens utiles pour encourager les professionnels et leur permettre de s’approprier quelques connaissances de la faune et la flore.
Pour se préparer et se déchausser, un vaste vestiaire est nécessaire.
La qualité de l’espace extérieur des EAJE devrait être pris en compte, notamment pour les agréments d’ouverture.
Du côté des parcs et espaces verts, en plus d’aménager, il faut aussi améliorer leur accessibilité et les faire connaître des professionnels et familles.
2. “An Investigation of the Status of Outdoor Play”, Contemporary Issues in Early Childhood, n° 5,2004, p. 68‑80. Rhonda Clements du Manhattanville College de New York.
3. Au Québec, les 3‑5 ans avaient en 2012 douze minutes d’activité libre par jour alors que lesrecommandations nationales se situent entre deux et trois heure. Claude Douglas et Mathieu Point(2012) “Portrait du développement moteur et de l’activité physique au Québec chez les enfants de 0 à 9 ans”.
4. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019 . p. 21- 38.
5. “Cultiver l’émerveillement et la curiosité naturelle de nos enfants”. Ed. Eyrolles. 2019. p. 41.
6. “Activités physiques et usage des écrans à l’âge de 2 ans chez les enfants de la cohorte Elfe“, à la demande de la Direction Générale de la santé. Décembre 2018
7. Selon une étude Ipsos réalisée pour la chaîne Gulli.
8. Christakis, D.A. (2010) “Infant media viewing : first do no harm”. Pediatrics annals, vol 39, n9, p. 578-582.
9. Baranowski T, Thompson WO, DuRant RH, Baranowski J, Puhl J. “Observations on physical activity in physical locations: Age, gender, ethnicity, and month effects”. Research Quarterly for Exercise and Sport. 1993; 64(2): p. 127–133.
10. La pratique de jeux en plein air chez les enfants de 3 à 10 ans dans l’Étude nationale nutrition santé”, rapport publié en 2015 par l’Institut de veille sanitaire .
11. Décret n°2015-1926. La surveillance devait être achevée pour le 1er janvier 2018 pour les
établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans, les écoles maternelles et les écoles élémentaires. Et peu à peu d’ici le 1/1/2023 pour les autres établissements.
12. Le formaldéhyde, le benzène et le dioxyde de carbone.
13. Kuo M., Barnes M., et al “Do experiences With Nature Promote Learning ? Converging evidence of a Cause-And-Effect relationship”. Frontiers in Psychology, février 2019.
14. Otte, Bolling et al. “Education outside the classroom increases children’s reading performance: Results from a one-year quasi-experimental study”. International Journal of Education Research,janvier 2018.
15. White & Stoecklin, 1998, cité dans Paul Tranter & Karen Malone, “Geographies of Environmental Learning: An Exploration of Children’s Use of School Grounds”, Children’s Geographies, février 2004.
16. Andrea Faber Taylor et Frances Kuo (2011). “Could Exposure to Everyday Green Spaces Help
Treat ADHD? Evidence from Childrens’ lay Settings”, Applied Psychology: Health and Well-Being, 411.
17. Rapport remis à Laurence Rossignol, Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, “Développement du jeune enfant, Modes d’accueil, Formations des professionnels”, 9 mai 2016.
18. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”, avril 2017
19. Contrairement à la France, dans une majorité de pays, il n’y a pas rupture entre la naissance et les 6 ans de l’enfant.
20. Après La Bicyclette, une deuxième crèche similaire vient d’ouvrir à Genève en 2019.
21. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019. p. 116-121.
22. La crèche parentale a été fondée par un parent Gillian Cante. Elle est l’actuelle présidente du Furet et membre de l’Académie de la Petite Enfance.
23. Voir la vidéo de présentation http://www.givingtree.fr/fr/visitez/
24. L’Ediac formations, à Strasbourg et le centre de formation Praxis, à Mulhouse.
25. Selon les successives enquêtes PISA, l’école française reste l’une des plus inégalitaire du monde. La France reste l’un des pays où le statut socio-économique d’un élève a le plus d’impact sur sa destinée scolaire.
26. Un court énoncé de position, très bien documenté, résume l’intérêt du jeu actif à l’extérieur, en prenant en compte les risques associés. Publié récemment au Canada, il est disponible en ligne https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/Gscdepot/mooc002/44/mooc002_44_a00.pdf
27. Notamment le collectif “Eduquer à la nature” en Normandie, l’Académie de la Petite Enfance(Alsace), le RPPN, Eveil et Nature, Ecolo-crèche et Agapi.
28. Les établissement d’accueil de jeunes enfants.
29. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”. Avril 2017. p.38.
30. Voir notamment la théorie des pièces détachées de Simon Nicholson (1971) selon laquelle jouer dans un environnement complexe, avec des matériaux variés permet de développer les jeux, notamment imaginaires, et la créativité. Sa théorie a été reprise par de nombreux paysagistes et experts du jeu dans le monde.
Il est donc dorénavant recommandé d’éviter les écrans avant 3 ans. Mais le jeu dehors pourrait aussi représenter un antidote à la vie trop sédentaire des enfants et leur offrir aussi l’espace, le calme et les possibilités de découverte, de prise de risque et d’émerveillement dont ils ont besoin.
L’IMPORTANCE DU LIEN AVEC LA NATURE SUR NOTRE SANTÉ EST PROUVÉ
En plus de la question sanitaire, il s’agit aussi de mieux connaître le développement des plus jeunes pour mieux l’accompagner. Les études s’accumulent par centaines depuis plusieurs décennies sur l’impact de l’environnement naturel sur notre santé. Selon un corpus d’études croissant, le jeu en extérieur et en pleine nature est aussi bénéfique pour le développement émotionnel et social des enfants et leurs compétences cognitives. Notamment leurs capacités de concentration, de coopération, leur créativité13, et leur réussite scolaire14.En France, nous sommes au début d’une prise de conscience. Pour la première fois, le rapport de Sylviane Giampino17 mentionne spécifiquement le besoin de nature pour les enfants. Ce besoin est ensuite reconnu officiellement au niveau national, dans un guide ministériel18. On peut ainsi lire, en 6e position parmi les “Dix principes pour grandir en confiance" en annexe : "le contact réel avec la Nature est essentiel à mon développement". Mais il est peu développé : il apparaît sur une ligne en 110 pages et aucune recommandation n’est faite sur la nécessité de sorties fréquentes et régulières en plein air. Ni sur les moyens pour les encourager.
AILLEURS, LE CONTACT AVEC LA NATURE, JUGÉ ESSENTIEL AU DÉVELOPPEMENT
De nombreux autres pays intègrent déjà, et dans certains cas depuis longtemps, l’importance du lien de la nature et son rôle dans le développement de l’enfant dès sa naissance. Des politiques sont adoptées pour favoriser le temps dehors dans les lieux plus adaptés et faire évoluer la posture des professionnels de la petite enfance.En Finlande par exemple, dans le curriculum national de 2018 pour les 0 à 6 ans, un chapitre sur cinq est consacré à l’importance d’explorer et interagir avec son environnement, notamment par des sorties régulières et le jeu libre à l’extérieur. Dans tout le pays, les petits passent plusieurs heures dehors tous les jours, dans des espaces riches en nature.
LES DÉBUTS EN FRANCE
En France, les projets commencent à émerger. Depuis 2008, Ecolo-crèche accompagne plus de 400 crèches dans un questionnement sur la qualité des produits et pratiques, à l’intérieur. Ils ont depuis évolué et recommandent dorénavant de permettre des expériences de nature quotidiennes.CINQ RECOMMANDATIONS
Il reste exceptionnel d’offrir aux jeunes enfants un contact régulier avec la nature et malgré l’accumulation des études qui prouvent son importance, les pratiques au niveau national ont peu bougé. De plus, les rares initiatives restent en général cantonnées aux structures privées.Que pendant leurs 1000 premiers jours, TOUS les enfants puissent sortir quotidiennement et bénéficier d’un endroit riche en nature. Quel que soit le mode d’accueil, le lieu de vie et les moyens des parents.
1 - Sensibiliser au besoin de nature
Le besoin de nature encore largement méconnu en France, il faut communiquer pour permettre une prise de conscience. Il faut toucher en priorité les parents, les PMI et les professionnels de la petite enfance et de la santé. Il faut que des ministères aux parents (en passant notamment par les pédiatres, les sages-femmes et les assistantes maternelles), chacun comprenne en quoi ce besoin de nature est essentiel pour notre santé, et dès la naissance. L’accès quotidien à la nature doit être pris en compte comme une question de santé publique.2 - Former les professionnels et futurs professionnels de la petite enfance
Il faut inclure, en formation initiale, la notion du lien indispensable entre l’enfant et la nature et que de sortir et d’explorer son environnement est essentiel au développement de l’enfant. Il faut aussi multiplier les offres de formation continue. Il s’agit notamment d’identifier les freins de ces professionnels pour leur donner des outils pour mettre en place des pratiques dehors. Car ce sont eux qui jouent un rôle clef par leur travail et leur posture pendant ces premières années.Il faut aussi faciliter la mise en lien entre professionnels de petite enfance et associations d’éducation par la nature et leurs animateurs nature : ces derniers pouvant être des soutiens utiles pour encourager les professionnels et leur permettre de s’approprier quelques connaissances de la faune et la flore.
3 - Habiller les petits pour pouvoir sortir par tous les temps
“Il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais vêtements”. Pour sortir toute l’année, chaque enfant doit être habillé pour être protéger du froid, de l’humidité ou du soleil : bottes, pantalons et blousons imperméables, bonnets ou chapeaux, etc.Pour se préparer et se déchausser, un vaste vestiaire est nécessaire.
4 - Aménager des espaces riches en nature pour les enfants
Les endroits où jouent les jeunes enfants - que ce soit ceux attenants aux EAJE28 (quand ils existent) ou les espaces verts dans les collectivités - sont en général très artificialisés et offrent peu de contact avec la nature.La qualité de l’espace extérieur des EAJE devrait être pris en compte, notamment pour les agréments d’ouverture.
Du côté des parcs et espaces verts, en plus d’aménager, il faut aussi améliorer leur accessibilité et les faire connaître des professionnels et familles.
5 - Développer la recherche
Des études sont menées en France depuis quelques années sur la protection de la santé en petite enfance mais elles restent surtout cantonnés aux facteurs négatifs et la façon de les limiter : perturbateurs endocriniens et qualité de l’air notamment.2. “An Investigation of the Status of Outdoor Play”, Contemporary Issues in Early Childhood, n° 5,2004, p. 68‑80. Rhonda Clements du Manhattanville College de New York.
3. Au Québec, les 3‑5 ans avaient en 2012 douze minutes d’activité libre par jour alors que lesrecommandations nationales se situent entre deux et trois heure. Claude Douglas et Mathieu Point(2012) “Portrait du développement moteur et de l’activité physique au Québec chez les enfants de 0 à 9 ans”.
4. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019 . p. 21- 38.
5. “Cultiver l’émerveillement et la curiosité naturelle de nos enfants”. Ed. Eyrolles. 2019. p. 41.
6. “Activités physiques et usage des écrans à l’âge de 2 ans chez les enfants de la cohorte Elfe“, à la demande de la Direction Générale de la santé. Décembre 2018
7. Selon une étude Ipsos réalisée pour la chaîne Gulli.
8. Christakis, D.A. (2010) “Infant media viewing : first do no harm”. Pediatrics annals, vol 39, n9, p. 578-582.
9. Baranowski T, Thompson WO, DuRant RH, Baranowski J, Puhl J. “Observations on physical activity in physical locations: Age, gender, ethnicity, and month effects”. Research Quarterly for Exercise and Sport. 1993; 64(2): p. 127–133.
10. La pratique de jeux en plein air chez les enfants de 3 à 10 ans dans l’Étude nationale nutrition santé”, rapport publié en 2015 par l’Institut de veille sanitaire .
11. Décret n°2015-1926. La surveillance devait être achevée pour le 1er janvier 2018 pour les
établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans, les écoles maternelles et les écoles élémentaires. Et peu à peu d’ici le 1/1/2023 pour les autres établissements.
12. Le formaldéhyde, le benzène et le dioxyde de carbone.
13. Kuo M., Barnes M., et al “Do experiences With Nature Promote Learning ? Converging evidence of a Cause-And-Effect relationship”. Frontiers in Psychology, février 2019.
14. Otte, Bolling et al. “Education outside the classroom increases children’s reading performance: Results from a one-year quasi-experimental study”. International Journal of Education Research,janvier 2018.
15. White & Stoecklin, 1998, cité dans Paul Tranter & Karen Malone, “Geographies of Environmental Learning: An Exploration of Children’s Use of School Grounds”, Children’s Geographies, février 2004.
16. Andrea Faber Taylor et Frances Kuo (2011). “Could Exposure to Everyday Green Spaces Help
Treat ADHD? Evidence from Childrens’ lay Settings”, Applied Psychology: Health and Well-Being, 411.
17. Rapport remis à Laurence Rossignol, Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, “Développement du jeune enfant, Modes d’accueil, Formations des professionnels”, 9 mai 2016.
18. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”, avril 2017
19. Contrairement à la France, dans une majorité de pays, il n’y a pas rupture entre la naissance et les 6 ans de l’enfant.
20. Après La Bicyclette, une deuxième crèche similaire vient d’ouvrir à Genève en 2019.
21. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019. p. 116-121.
22. La crèche parentale a été fondée par un parent Gillian Cante. Elle est l’actuelle présidente du Furet et membre de l’Académie de la Petite Enfance.
23. Voir la vidéo de présentation http://www.givingtree.fr/fr/visitez/
24. L’Ediac formations, à Strasbourg et le centre de formation Praxis, à Mulhouse.
25. Selon les successives enquêtes PISA, l’école française reste l’une des plus inégalitaire du monde. La France reste l’un des pays où le statut socio-économique d’un élève a le plus d’impact sur sa destinée scolaire.
26. Un court énoncé de position, très bien documenté, résume l’intérêt du jeu actif à l’extérieur, en prenant en compte les risques associés. Publié récemment au Canada, il est disponible en ligne https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/Gscdepot/mooc002/44/mooc002_44_a00.pdf
27. Notamment le collectif “Eduquer à la nature” en Normandie, l’Académie de la Petite Enfance(Alsace), le RPPN, Eveil et Nature, Ecolo-crèche et Agapi.
28. Les établissement d’accueil de jeunes enfants.
29. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”. Avril 2017. p.38.
30. Voir notamment la théorie des pièces détachées de Simon Nicholson (1971) selon laquelle jouer dans un environnement complexe, avec des matériaux variés permet de développer les jeux, notamment imaginaires, et la créativité. Sa théorie a été reprise par de nombreux paysagistes et experts du jeu dans le monde.
Auteur
Par Gillian Cante et Moïna Fauchier Delavigne
Fichier : 1000-jours-les-enfant-ont-besoin-de-nature-.pdf
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