Tribune rédigée à plusieurs mains, publiée dans Libération, le 16 février 2021
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
1. https://www.sfpediatrie.com/actualites/plaidoyer-maintien-ecoles-ouvertes-societes-savantes-pediatrie-semobilisent
2. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/02/confines-ou-deconfines-les-enfantsvictimes-invisibles-de-la-pandemie_6038421_3232.html
3. https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/26/a-l-hopital-robert-debre-les-soignantsface-a-l-explosion-des-troubles-psychiques-chez-les-enfants_6061143_3244.html
4. https://www.bfmtv.com/politique/olivier-veran-nous-voulons-eviter-une-troisieme-vaguequi-serait-une-vague-de-la-sante-mentale_VN-202011180265.html
5. https://www.lefigaro.fr/sciences/pourquoi-le-confinement-abime-les-yeux-desenfants-20210207
6. https://jamanetwork.com/journals/jamaophthalmology/fullarticle/2774808?
7. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2019.00305/full
8. https://theconversation.com/nature-a-lecole-le-temps-est-il-venu-de-faire-classe-en-plein-air-141309?fbclid=IwAR2rSQep4WfR33uktv1r6eStaFFiuF3rTNANTbbq-O68mS9fQG83hqS9Gz8
- David Thivel, MCU-HDR Université Clermont Auvergne, ONAPS
- Marie-Laure Viaud, maître de conférences en Sciences de l’éducation (Université Lille Nord
de France)
Pour voir l'ensemble des signataires
Maires : aidez-nous à sortir les enfants, pour leur bien-être, leur santé et la nôtre.
Un paradoxe frappe notre jeunesse : d’un côté, les enfants ne sont pas ou très peu victimes directes de la COVID-19, de l’autre, ils sont très touchés par ses conséquences, mais en silence. « Un grand nombre est en grande souffrance psychologiques et disent avoir envie de mourir », viennent d’alerter les sociétés savantes de pédiatrie1 En mai 2020 déjà, un groupe de pédiatres et de spécialistes de santé publique soulignaient dans une tribune que les conséquences psychiques et sociales de la COVID-19 sur l’enfance nécessitaient un suivi et une coordination des politiques sanitaires2. A raison : l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) signalait que fin octobre les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques étaient en hausse de 50% par rapport à l’an dernier à la même date3. Olivier Véran lui-même, ministre de la Santé, affirmait vouloir éviter une troisième vague de la santé mentale4. Ces chiffres du désespoir se conjuguent avec une autre réalité : la sédentarité excessive de nos enfants. Déjà problématique avant la pandémie, le phénomène a largement empiré en un an. De seulement 19% des enfants et jeunes à respecter les recommandations de l’OMS sur l’activité physique quotidienne, ils sont passés à moins de 5% pendant le confinement en 2020, selon la troisième édition du Report Card, publiée fin janvier. Les effets délétères du confinement touchent jusqu’au développement de la vision des enfants.
« Pourquoi le confinement abîme les yeux des enfants »5 titrait le Figaro début février suite à une étude chinoise sur le sujet6. En cause, l’usage croissant des écrans et le manque de lumière naturelle. Les plus touchés ? Les enfants de 6 à 8 ans. Comment redonner à notre jeunesse ce qui manque à sa santé, à son bien-être autant physiologique que psychologique ? Un peu partout en France, des enseignants cherchent des solutions qui convergent toutes vers un nouvel horizon : l’extérieur. Et si donner cours dehors permettait à la fois de limiter les risques de contagion, et donc une nouvelle fermeture des écoles, de lutter contre la sédentarité et contre les symptômes dépressifs infantiles, tout en apportant à nos enfants l’horizon qui leur manque ? Florence, qui enseigne en REP + à Beauvais, en est convaincue. Des études par centaines, publiées depuis plusieurs décennies, ont aussi largement prouvé l’intérêt de cette démarche et ses bénéfices autant sur la santé globale que les apprentissages et la conscience environnementale.7 Depuis septembre, comme douze de ses collègues, elle emmène ses élèves chaque jeudi dehors, dans un lieu public en face de son établissement. Pas besoin d’un grand parc ou d’une forêt, affirme-t-elle, on peut trouver des espaces de nature proches de l’école. Comme Florence, depuis la fin du premier confinement, des centaines d’enseignants entraînent régulièrement leurs élèves dehors. Pour eux, c’est la meilleure façon de respecter le protocole sanitaire tout en répondant aux besoins des enfants. Aujourd’hui, cette pratique encore rare s’impose comme une évidence sanitaire. D’autant plus dans cette période anxiogène, car le contact avec la nature permet d’éprouver de la liberté et de la joie. C’est fondamental pour notre équilibre psychologique. Si sa diffusion s’est accélérée avec la COVID, le mouvement de l’école dehors n’est pas nouveau. En France, certains font classe à l’extérieur depuis déjà dix ans, la pratique est autorisée, voire même officiellement « encouragée » depuis la publication du protocole sanitaire de juin 2020. Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, l’a également affirmé fin août : faire classe en plein air compte parmi les initiatives « qui sont très bonnes actuellement », évoquant même sa « vertu pédagogique »8. Dans de rares académies, des formations au sein de l’Education nationale, ou portées par des réseaux d’éducation à l’environnement ont été créées cette année, pour répondre à une demande croissante. Des maires encouragent l’école dehors, financent des formations aux enseignants et éducateurs et prévoyaient même, en mai, des menus froids à la cantine pour faciliter jusqu’aux repas dehors. Même à l’université, des professeurs d’histoire ou de chimie réussissent à donner cours à l’extérieur. Comment expliquer que cette pratique, ou plutôt ce nouvel espace d’enseignement, demeure encore marginal en France ? Et qu’en petite enfance, les enfants sortent encore si peu ? Si elle commence à être légitimée à demi-mots par le gouvernement, elle n’est pas encore officiellement encouragée et soutenue. Aucune circulaire n’a été publiée, ni aucune mention des bénéfices multiples d’un contact régulier avec la nature pour les enfants, pourtant déjà
largement prouvés et des inspecteurs de l’Education nationale peuvent encore interdire les
sorties, sans avoir à se justifier.
Alors, chers maires : facilitez l’accès régulier au dehors pour tous les enfants de vos communes.En mettant à disposition des terrains communaux pour les écoles, en valorisant l’action des enseignants, des éducateurs et des parents qui emmènent déjà les enfants dehors, en encourageant ceux qui aimeraient le faire mais n’osent pas encore, en organisant l’achat de fournitures et vêtements adaptés pour sortir, en verdissant les cours de récré, en prévoyant des jardins pour les structures d’accueil de petite enfance, etc.Limiter la contagion ne s’opère pas en enfermant les enfants, dans les salles de classe ou les appartements, la solution est bien dehors.
« Pourquoi le confinement abîme les yeux des enfants »5 titrait le Figaro début février suite à une étude chinoise sur le sujet6. En cause, l’usage croissant des écrans et le manque de lumière naturelle. Les plus touchés ? Les enfants de 6 à 8 ans. Comment redonner à notre jeunesse ce qui manque à sa santé, à son bien-être autant physiologique que psychologique ? Un peu partout en France, des enseignants cherchent des solutions qui convergent toutes vers un nouvel horizon : l’extérieur. Et si donner cours dehors permettait à la fois de limiter les risques de contagion, et donc une nouvelle fermeture des écoles, de lutter contre la sédentarité et contre les symptômes dépressifs infantiles, tout en apportant à nos enfants l’horizon qui leur manque ? Florence, qui enseigne en REP + à Beauvais, en est convaincue. Des études par centaines, publiées depuis plusieurs décennies, ont aussi largement prouvé l’intérêt de cette démarche et ses bénéfices autant sur la santé globale que les apprentissages et la conscience environnementale.7 Depuis septembre, comme douze de ses collègues, elle emmène ses élèves chaque jeudi dehors, dans un lieu public en face de son établissement. Pas besoin d’un grand parc ou d’une forêt, affirme-t-elle, on peut trouver des espaces de nature proches de l’école. Comme Florence, depuis la fin du premier confinement, des centaines d’enseignants entraînent régulièrement leurs élèves dehors. Pour eux, c’est la meilleure façon de respecter le protocole sanitaire tout en répondant aux besoins des enfants. Aujourd’hui, cette pratique encore rare s’impose comme une évidence sanitaire. D’autant plus dans cette période anxiogène, car le contact avec la nature permet d’éprouver de la liberté et de la joie. C’est fondamental pour notre équilibre psychologique. Si sa diffusion s’est accélérée avec la COVID, le mouvement de l’école dehors n’est pas nouveau. En France, certains font classe à l’extérieur depuis déjà dix ans, la pratique est autorisée, voire même officiellement « encouragée » depuis la publication du protocole sanitaire de juin 2020. Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, l’a également affirmé fin août : faire classe en plein air compte parmi les initiatives « qui sont très bonnes actuellement », évoquant même sa « vertu pédagogique »8. Dans de rares académies, des formations au sein de l’Education nationale, ou portées par des réseaux d’éducation à l’environnement ont été créées cette année, pour répondre à une demande croissante. Des maires encouragent l’école dehors, financent des formations aux enseignants et éducateurs et prévoyaient même, en mai, des menus froids à la cantine pour faciliter jusqu’aux repas dehors. Même à l’université, des professeurs d’histoire ou de chimie réussissent à donner cours à l’extérieur. Comment expliquer que cette pratique, ou plutôt ce nouvel espace d’enseignement, demeure encore marginal en France ? Et qu’en petite enfance, les enfants sortent encore si peu ? Si elle commence à être légitimée à demi-mots par le gouvernement, elle n’est pas encore officiellement encouragée et soutenue. Aucune circulaire n’a été publiée, ni aucune mention des bénéfices multiples d’un contact régulier avec la nature pour les enfants, pourtant déjà
largement prouvés et des inspecteurs de l’Education nationale peuvent encore interdire les
sorties, sans avoir à se justifier.
Alors, chers maires : facilitez l’accès régulier au dehors pour tous les enfants de vos communes.En mettant à disposition des terrains communaux pour les écoles, en valorisant l’action des enseignants, des éducateurs et des parents qui emmènent déjà les enfants dehors, en encourageant ceux qui aimeraient le faire mais n’osent pas encore, en organisant l’achat de fournitures et vêtements adaptés pour sortir, en verdissant les cours de récré, en prévoyant des jardins pour les structures d’accueil de petite enfance, etc.Limiter la contagion ne s’opère pas en enfermant les enfants, dans les salles de classe ou les appartements, la solution est bien dehors.
1. https://www.sfpediatrie.com/actualites/plaidoyer-maintien-ecoles-ouvertes-societes-savantes-pediatrie-semobilisent
2. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/02/confines-ou-deconfines-les-enfantsvictimes-invisibles-de-la-pandemie_6038421_3232.html
3. https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/26/a-l-hopital-robert-debre-les-soignantsface-a-l-explosion-des-troubles-psychiques-chez-les-enfants_6061143_3244.html
4. https://www.bfmtv.com/politique/olivier-veran-nous-voulons-eviter-une-troisieme-vaguequi-serait-une-vague-de-la-sante-mentale_VN-202011180265.html
5. https://www.lefigaro.fr/sciences/pourquoi-le-confinement-abime-les-yeux-desenfants-20210207
6. https://jamanetwork.com/journals/jamaophthalmology/fullarticle/2774808?
7. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2019.00305/full
8. https://theconversation.com/nature-a-lecole-le-temps-est-il-venu-de-faire-classe-en-plein-air-141309?fbclid=IwAR2rSQep4WfR33uktv1r6eStaFFiuF3rTNANTbbq-O68mS9fQG83hqS9Gz8
Premiers signataires :
- Etienne Butzbach, vice-président de la Ligue de l’enseignement.
- François-Marie Caron, pédiatre
- François Carré, professeur émérite Université Rennes 1. Cardiologue. Médecin du sport.
- Maryse Chrétien, présidente de l’AGEEM
- Pascal Clerc, professeur des universités en géographie, CY Cergy Paris Université,
- Dimitri de Boissieu, éducateur à l'environnement, Dynamique Sortir !
- Philippe de Saint-Louvent, animateur nature et formateur (Belgique)
- Julie Delalande, professeure des universités en sciences de l’éducation à l’université de
- Martine Duclos, professeure des universités et praticienne hospitalière, CHU Clermont-
- Moïna Fauchier Delavigne, journaliste et autrice
- Crystèle Ferjou, conseillère pédagogique départementale, coordinatrice classe dehors et
- Luc Gwiazdzinski, géographe, professeur HDR. Laboratoire LRA.
- Roland Gérard, auteur, conférencier et co-fondateur du Réseau Ecole et Nature
- Yannick Guillodo, médecin du sport et co-fondateur de l'UCPS-UBO
- Alexandre Jost, fondateur de la fabrique Spinoza
- Fabienne Kochert, pédiatre et présidente de l’Association Française de Pédiatrie
- Geneviève Lessard, professeure-chercheure Université du Québec en Outaouais en sciences
- Hervé Lefebvre, maire de Samatan/Président EPCI
- Gäelle Le Ster, professeur des écoles, Pompaire
- Florence Moureaux, professeur des écoles, Beauvais
- Laure Pillot, professeur des écoles, Angers
- Alexandre Ribeaud, professeur des écoles, Paris
- Julie Ricard, pédagogue par la nature, co-fondatrice du Réseau de la Pédagogie Par la
- David Thivel, MCU-HDR Université Clermont Auvergne, ONAPS
- Marie-Laure Viaud, maître de conférences en Sciences de l’éducation (Université Lille Nord
de France)
Pour voir l'ensemble des signataires
Auteur
Dimitri De Boissieu, Moïna Fauchier-Delavigne, Crystèle Ferjou et Roland Gérard
Fichier : tribune-enfants-dehors-santé-maires-16022021-1.pdf
Télécharger