Tous Dehors France plaide pour que l'expérience de nature soit indissociable de l'éducation du XXIème siècle
Il s'agit de sensibiliser les représentants des institutions, de l’Éducation nationale, les acteurs politiques nationaux et locaux.
En lien avec le monde de la recherche, l’objectif est de faire reconnaître que le contact avec la nature ne peut pas être vu comme un luxe possible mais comme un élément essentiel pour la santé et l’épanouissement des personnes, et doit être inscrit comme un des enjeux de la transition écologique. Il est donc urgent que ce besoin de nature soit pris compte par les autorités françaises.
Tous Dehors France visera à promouvoir et faciliter les initiatives de connexions à la nature, et influencera les règles et les normes qui encadrent ces activités.
Notre objectif est qu’un accès régulier et fréquent soit possible pour tous, quel que soit le milieu social et le lieu d’habitation, et que sortir ne soit plus réservés à quelques privilégiés.
En lien avec le monde de la recherche, l’objectif est de faire reconnaître que le contact avec la nature ne peut pas être vu comme un luxe possible mais comme un élément essentiel pour la santé et l’épanouissement des personnes, et doit être inscrit comme un des enjeux de la transition écologique. Il est donc urgent que ce besoin de nature soit pris compte par les autorités françaises.
Tous Dehors France visera à promouvoir et faciliter les initiatives de connexions à la nature, et influencera les règles et les normes qui encadrent ces activités.
Notre objectif est qu’un accès régulier et fréquent soit possible pour tous, quel que soit le milieu social et le lieu d’habitation, et que sortir ne soit plus réservés à quelques privilégiés.
Nos contributions
Tribune rédigée à plusieurs mains, publiée dans Libération, le 16 février 2021
Tribune rédigée à plusieurs mains, publiée dans Libération, le 16 février 2021
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
1. https://www.sfpediatrie.com/actualites/plaidoyer-maintien-ecoles-ouvertes-societes-savantes-pediatrie-semobilisent
2. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/02/confines-ou-deconfines-les-enfantsvictimes-invisibles-de-la-pandemie_6038421_3232.html
3. https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/26/a-l-hopital-robert-debre-les-soignantsface-a-l-explosion-des-troubles-psychiques-chez-les-enfants_6061143_3244.html
4. https://www.bfmtv.com/politique/olivier-veran-nous-voulons-eviter-une-troisieme-vaguequi-serait-une-vague-de-la-sante-mentale_VN-202011180265.html
5. https://www.lefigaro.fr/sciences/pourquoi-le-confinement-abime-les-yeux-desenfants-20210207
6. https://jamanetwork.com/journals/jamaophthalmology/fullarticle/2774808?
7. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2019.00305/full
8. https://theconversation.com/nature-a-lecole-le-temps-est-il-venu-de-faire-classe-en-plein-air-141309?fbclid=IwAR2rSQep4WfR33uktv1r6eStaFFiuF3rTNANTbbq-O68mS9fQG83hqS9Gz8
- David Thivel, MCU-HDR Université Clermont Auvergne, ONAPS
- Marie-Laure Viaud, maître de conférences en Sciences de l’éducation (Université Lille Nord
de France)
Pour voir l'ensemble des signataires
Maires : aidez-nous à sortir les enfants, pour leur bien-être, leur santé et la nôtre.
Un paradoxe frappe notre jeunesse : d’un côté, les enfants ne sont pas ou très peu victimes directes de la COVID-19, de l’autre, ils sont très touchés par ses conséquences, mais en silence. « Un grand nombre est en grande souffrance psychologiques et disent avoir envie de mourir », viennent d’alerter les sociétés savantes de pédiatrie1 En mai 2020 déjà, un groupe de pédiatres et de spécialistes de santé publique soulignaient dans une tribune que les conséquences psychiques et sociales de la COVID-19 sur l’enfance nécessitaient un suivi et une coordination des politiques sanitaires2. A raison : l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) signalait que fin octobre les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques étaient en hausse de 50% par rapport à l’an dernier à la même date3. Olivier Véran lui-même, ministre de la Santé, affirmait vouloir éviter une troisième vague de la santé mentale4. Ces chiffres du désespoir se conjuguent avec une autre réalité : la sédentarité excessive de nos enfants. Déjà problématique avant la pandémie, le phénomène a largement empiré en un an. De seulement 19% des enfants et jeunes à respecter les recommandations de l’OMS sur l’activité physique quotidienne, ils sont passés à moins de 5% pendant le confinement en 2020, selon la troisième édition du Report Card, publiée fin janvier. Les effets délétères du confinement touchent jusqu’au développement de la vision des enfants.
« Pourquoi le confinement abîme les yeux des enfants »5 titrait le Figaro début février suite à une étude chinoise sur le sujet6. En cause, l’usage croissant des écrans et le manque de lumière naturelle. Les plus touchés ? Les enfants de 6 à 8 ans. Comment redonner à notre jeunesse ce qui manque à sa santé, à son bien-être autant physiologique que psychologique ? Un peu partout en France, des enseignants cherchent des solutions qui convergent toutes vers un nouvel horizon : l’extérieur. Et si donner cours dehors permettait à la fois de limiter les risques de contagion, et donc une nouvelle fermeture des écoles, de lutter contre la sédentarité et contre les symptômes dépressifs infantiles, tout en apportant à nos enfants l’horizon qui leur manque ? Florence, qui enseigne en REP + à Beauvais, en est convaincue. Des études par centaines, publiées depuis plusieurs décennies, ont aussi largement prouvé l’intérêt de cette démarche et ses bénéfices autant sur la santé globale que les apprentissages et la conscience environnementale.7 Depuis septembre, comme douze de ses collègues, elle emmène ses élèves chaque jeudi dehors, dans un lieu public en face de son établissement. Pas besoin d’un grand parc ou d’une forêt, affirme-t-elle, on peut trouver des espaces de nature proches de l’école. Comme Florence, depuis la fin du premier confinement, des centaines d’enseignants entraînent régulièrement leurs élèves dehors. Pour eux, c’est la meilleure façon de respecter le protocole sanitaire tout en répondant aux besoins des enfants. Aujourd’hui, cette pratique encore rare s’impose comme une évidence sanitaire. D’autant plus dans cette période anxiogène, car le contact avec la nature permet d’éprouver de la liberté et de la joie. C’est fondamental pour notre équilibre psychologique. Si sa diffusion s’est accélérée avec la COVID, le mouvement de l’école dehors n’est pas nouveau. En France, certains font classe à l’extérieur depuis déjà dix ans, la pratique est autorisée, voire même officiellement « encouragée » depuis la publication du protocole sanitaire de juin 2020. Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, l’a également affirmé fin août : faire classe en plein air compte parmi les initiatives « qui sont très bonnes actuellement », évoquant même sa « vertu pédagogique »8. Dans de rares académies, des formations au sein de l’Education nationale, ou portées par des réseaux d’éducation à l’environnement ont été créées cette année, pour répondre à une demande croissante. Des maires encouragent l’école dehors, financent des formations aux enseignants et éducateurs et prévoyaient même, en mai, des menus froids à la cantine pour faciliter jusqu’aux repas dehors. Même à l’université, des professeurs d’histoire ou de chimie réussissent à donner cours à l’extérieur. Comment expliquer que cette pratique, ou plutôt ce nouvel espace d’enseignement, demeure encore marginal en France ? Et qu’en petite enfance, les enfants sortent encore si peu ? Si elle commence à être légitimée à demi-mots par le gouvernement, elle n’est pas encore officiellement encouragée et soutenue. Aucune circulaire n’a été publiée, ni aucune mention des bénéfices multiples d’un contact régulier avec la nature pour les enfants, pourtant déjà
largement prouvés et des inspecteurs de l’Education nationale peuvent encore interdire les
sorties, sans avoir à se justifier.
Alors, chers maires : facilitez l’accès régulier au dehors pour tous les enfants de vos communes.En mettant à disposition des terrains communaux pour les écoles, en valorisant l’action des enseignants, des éducateurs et des parents qui emmènent déjà les enfants dehors, en encourageant ceux qui aimeraient le faire mais n’osent pas encore, en organisant l’achat de fournitures et vêtements adaptés pour sortir, en verdissant les cours de récré, en prévoyant des jardins pour les structures d’accueil de petite enfance, etc.Limiter la contagion ne s’opère pas en enfermant les enfants, dans les salles de classe ou les appartements, la solution est bien dehors.
« Pourquoi le confinement abîme les yeux des enfants »5 titrait le Figaro début février suite à une étude chinoise sur le sujet6. En cause, l’usage croissant des écrans et le manque de lumière naturelle. Les plus touchés ? Les enfants de 6 à 8 ans. Comment redonner à notre jeunesse ce qui manque à sa santé, à son bien-être autant physiologique que psychologique ? Un peu partout en France, des enseignants cherchent des solutions qui convergent toutes vers un nouvel horizon : l’extérieur. Et si donner cours dehors permettait à la fois de limiter les risques de contagion, et donc une nouvelle fermeture des écoles, de lutter contre la sédentarité et contre les symptômes dépressifs infantiles, tout en apportant à nos enfants l’horizon qui leur manque ? Florence, qui enseigne en REP + à Beauvais, en est convaincue. Des études par centaines, publiées depuis plusieurs décennies, ont aussi largement prouvé l’intérêt de cette démarche et ses bénéfices autant sur la santé globale que les apprentissages et la conscience environnementale.7 Depuis septembre, comme douze de ses collègues, elle emmène ses élèves chaque jeudi dehors, dans un lieu public en face de son établissement. Pas besoin d’un grand parc ou d’une forêt, affirme-t-elle, on peut trouver des espaces de nature proches de l’école. Comme Florence, depuis la fin du premier confinement, des centaines d’enseignants entraînent régulièrement leurs élèves dehors. Pour eux, c’est la meilleure façon de respecter le protocole sanitaire tout en répondant aux besoins des enfants. Aujourd’hui, cette pratique encore rare s’impose comme une évidence sanitaire. D’autant plus dans cette période anxiogène, car le contact avec la nature permet d’éprouver de la liberté et de la joie. C’est fondamental pour notre équilibre psychologique. Si sa diffusion s’est accélérée avec la COVID, le mouvement de l’école dehors n’est pas nouveau. En France, certains font classe à l’extérieur depuis déjà dix ans, la pratique est autorisée, voire même officiellement « encouragée » depuis la publication du protocole sanitaire de juin 2020. Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, l’a également affirmé fin août : faire classe en plein air compte parmi les initiatives « qui sont très bonnes actuellement », évoquant même sa « vertu pédagogique »8. Dans de rares académies, des formations au sein de l’Education nationale, ou portées par des réseaux d’éducation à l’environnement ont été créées cette année, pour répondre à une demande croissante. Des maires encouragent l’école dehors, financent des formations aux enseignants et éducateurs et prévoyaient même, en mai, des menus froids à la cantine pour faciliter jusqu’aux repas dehors. Même à l’université, des professeurs d’histoire ou de chimie réussissent à donner cours à l’extérieur. Comment expliquer que cette pratique, ou plutôt ce nouvel espace d’enseignement, demeure encore marginal en France ? Et qu’en petite enfance, les enfants sortent encore si peu ? Si elle commence à être légitimée à demi-mots par le gouvernement, elle n’est pas encore officiellement encouragée et soutenue. Aucune circulaire n’a été publiée, ni aucune mention des bénéfices multiples d’un contact régulier avec la nature pour les enfants, pourtant déjà
largement prouvés et des inspecteurs de l’Education nationale peuvent encore interdire les
sorties, sans avoir à se justifier.
Alors, chers maires : facilitez l’accès régulier au dehors pour tous les enfants de vos communes.En mettant à disposition des terrains communaux pour les écoles, en valorisant l’action des enseignants, des éducateurs et des parents qui emmènent déjà les enfants dehors, en encourageant ceux qui aimeraient le faire mais n’osent pas encore, en organisant l’achat de fournitures et vêtements adaptés pour sortir, en verdissant les cours de récré, en prévoyant des jardins pour les structures d’accueil de petite enfance, etc.Limiter la contagion ne s’opère pas en enfermant les enfants, dans les salles de classe ou les appartements, la solution est bien dehors.
1. https://www.sfpediatrie.com/actualites/plaidoyer-maintien-ecoles-ouvertes-societes-savantes-pediatrie-semobilisent
2. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/02/confines-ou-deconfines-les-enfantsvictimes-invisibles-de-la-pandemie_6038421_3232.html
3. https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/26/a-l-hopital-robert-debre-les-soignantsface-a-l-explosion-des-troubles-psychiques-chez-les-enfants_6061143_3244.html
4. https://www.bfmtv.com/politique/olivier-veran-nous-voulons-eviter-une-troisieme-vaguequi-serait-une-vague-de-la-sante-mentale_VN-202011180265.html
5. https://www.lefigaro.fr/sciences/pourquoi-le-confinement-abime-les-yeux-desenfants-20210207
6. https://jamanetwork.com/journals/jamaophthalmology/fullarticle/2774808?
7. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2019.00305/full
8. https://theconversation.com/nature-a-lecole-le-temps-est-il-venu-de-faire-classe-en-plein-air-141309?fbclid=IwAR2rSQep4WfR33uktv1r6eStaFFiuF3rTNANTbbq-O68mS9fQG83hqS9Gz8
Premiers signataires :
- Etienne Butzbach, vice-président de la Ligue de l’enseignement.
- François-Marie Caron, pédiatre
- François Carré, professeur émérite Université Rennes 1. Cardiologue. Médecin du sport.
- Maryse Chrétien, présidente de l’AGEEM
- Pascal Clerc, professeur des universités en géographie, CY Cergy Paris Université,
- Dimitri de Boissieu, éducateur à l'environnement, Dynamique Sortir !
- Philippe de Saint-Louvent, animateur nature et formateur (Belgique)
- Julie Delalande, professeure des universités en sciences de l’éducation à l’université de
- Martine Duclos, professeure des universités et praticienne hospitalière, CHU Clermont-
- Moïna Fauchier Delavigne, journaliste et autrice
- Crystèle Ferjou, conseillère pédagogique départementale, coordinatrice classe dehors et
- Luc Gwiazdzinski, géographe, professeur HDR. Laboratoire LRA.
- Roland Gérard, auteur, conférencier et co-fondateur du Réseau Ecole et Nature
- Yannick Guillodo, médecin du sport et co-fondateur de l'UCPS-UBO
- Alexandre Jost, fondateur de la fabrique Spinoza
- Fabienne Kochert, pédiatre et présidente de l’Association Française de Pédiatrie
- Geneviève Lessard, professeure-chercheure Université du Québec en Outaouais en sciences
- Hervé Lefebvre, maire de Samatan/Président EPCI
- Gäelle Le Ster, professeur des écoles, Pompaire
- Florence Moureaux, professeur des écoles, Beauvais
- Laure Pillot, professeur des écoles, Angers
- Alexandre Ribeaud, professeur des écoles, Paris
- Julie Ricard, pédagogue par la nature, co-fondatrice du Réseau de la Pédagogie Par la
- David Thivel, MCU-HDR Université Clermont Auvergne, ONAPS
- Marie-Laure Viaud, maître de conférences en Sciences de l’éducation (Université Lille Nord
de France)
Pour voir l'ensemble des signataires
Auteur
Dimitri De Boissieu, Moïna Fauchier-Delavigne, Crystèle Ferjou et Roland Gérard
Fichier : tribune-enfants-dehors-santé-maires-16022021-1.pdf
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Tribune parue dans Le Monde "Coronavirus : et si nous faisions la classe dehors ?" (28 avril 2020)
Tribune parue dans Le Monde "Coronavirus : et si nous faisions la classe dehors ?" (28 avril 2020)
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
toyenne en Prévention Santé : UCPS, Université de Bretagne Occidentale : UBO), Ahmed Hamrouni (Praticien de l'école au dehors, enseignant en SVT, Vitry/Seine, 94), Joëlle Hardy-Vulbeau (CPC Paris), Maude Hatano-Chalvidan (Enseignant-chercheur, Caen), Frédérick Heissat (Professeur des écoles, cofondateur réseau Profs en transition), Jean-Christophe Hortolan (Conseiller pédagogique départemental de Charente), Michel Hortolan (Vice-président de l'association Charente Nature), Bruno Humbeeck (Professeur de psychopédagogie Université de Mons, Belgique), Denis JARDINIER (Conseiller pédagogique Paris), Ruth Joiner (Praticienne de l’école du dehors, co-fondatrice du Réseau pour la Pédagogie Par la Nature), Lyse-Maëlle Jorigné (Enseignante, Directrice, PEMF), Pauline Jullien (Ostéopathe Paris), Christophe KLENIEWSKI (Conseiller pédagogique), Alexandre Kouakou (Doctorant, Université de Caen Normandie), Eric Julien (Fondateur de l'Ecole pratique de la nature et des Savoirs), Patricia Jung-Singh (Fondatrice de la fondation Terra Symbiosis), Najah Kort (Enseignante), Jacques Lachambre (Directeur d'éducation environnement 64), Frédéric Laferriere (Conseiller Pédagogique), Emilie Lagoeyte (Formatrice aux pratiques d'éducation nature), Yvette Lathuillière (Conseillère pédagogique), Sonia LAVEDRINE (Enseignante GERZAT), Catherine Leclercq (Directrice d’école à Anger), Anne-Sophie LEFEBVRE (Conseillère pédagogique), Hervé Lefebvre (Président de la Communauté de Communes du Savès), Marine Le Fur (Professeur des écoles - Annecy), Pascal léger (Professeur des école à Fontainebleau), Eve Leleu-Galland (Inspectrice, Mission Maternelle, Paris), Françoise Le Lièvre (Conseillère pédagogique Paris), Héloïse Lemardeley (Professeure des écoles), Anne Laure Le Guern (Maîtresse de conférences en sciences de l'éducation et de la formation, Université de Caen Normandie, CIRNEF, INSPE, Groupe ApprES ), François Lenormand (Animateur de Club CPN, administrateur de la fédération des clubs Connaître et P
rotéger la Nature), Justine Lepers (Chargée de projets éducatifs européens), Estelle Lesbec (Professeure des écoles), Laurent Lescouarch (Professeur des universités), Sophie Levrard (Praticienne de l’école du dehors, Professeur des écoles, Doctorante sciences de l'éducation, CIRNEF, Caen), Christine Leymonie (ATSEM), Nadia Lienhard (Praticienne de l’école du dehors, Professeur des Écoles à Rochefort), Jenny Lino (Professeur des écoles à Dijon), Fabienne Louyot (Enseignante, architecte, chercheure, laboratoire IPRAUS, ENSA Paris-Belleville), Alexandra Lorenzo (Fondatrice de l'association ITAWA), Bernadette Lucq (Animatrice nature Pyrénées), Sophie Maître (Professeur des écoles, essart en Bocage), Antoine Maldonado (Enseignant et co-fondateur Profs en transition), Nathalie Manceau (Professeur des écoles Mauléon), Maïmonatou Mar (Co-fondatrice de Gribouilli, association professionnelle de gardes d’enfant d’île de France), Julie Marboutie (Professeur des écoles Fougerolles), Sophie Marinopoulos psychologue, psychanalyste, fondatrice des espaces d'accueil solidaires pour les familles "Les Pâtes au Beurre Nantes), Miryam Massot-Leprince (Formatrice à l'INSPE de Caen et PEMF), Céline Martin (professeur des écoles Toul), Isabelle Mayor (Réalisatrice à Paris), Corinne Mazel (Conseillère Pédagogique EPS), Isabelle Melon (Conseillère pédagogique à Paris), Laurence Menard (Professeure des écoles, Paris), Noëlle Milliat (Professeur de yoga à Rennes), Gilles Mirand (praticien de l'école au dehors, enseignant en SVT retraité, Limeil-Brévannes, 77), Marie- pierre moine (chef d'établissement scolaire à CHAGNY), Anne Monciero (Conseillère Pédagogique), Léonore Moncond'huy (conseillère régionale Nouvelle Aquitaine déléguée à la vie associative), Christel Monnerie (Adjointe à la mission académique éducation prioritaire), Béatrice Moreaux (Professeure d'anglais, Rennes), Serge Morin (Président d’association d’éducation à l’environnement, CPIE de Gâtine Poitevine), Jean-François Narducci
e Normandie), Carine Vigneau (Enseignante d'EPS), Delphine Vovard (Professeure des écoles, 94), Ingrid Vadot (Professeur des écoles), Laure Voevodenko (Praticienne de l’école du dehors, Professeur des écoles Breuil Magné), Anne Vuillemin (Professeur des universités, Université Côte d’Azur), Christine Watteyne (Professeur des Écoles en retraite), Sarah Wauquiez (Formatrice d'enseignants et psychologue), Anne Weiller (Conseillère pédagogique ASH), Jacqueline Webdland (Professeur des Universités, Paris), Richard Wittorski (Universitaire à l’Université de Rouen), Estelle Zuliani (Conseillère pédagogique).
Coronavirus : et si nous faisions la classe dehors ?
- Le 11 mai, les enfants auront vécu confinés deux mois. Deux mois à manquer d’air et d’espace pour la plupart d’entre eux, deux mois aussi à regarder les écrans plus que d’ordinaire. Ils étaient déjà trop sédentaires, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les voilà maintenant quasi immobiles : en France, parcs, forêts et espaces verts en général ont été interdits d’accès pendant le confinement.
- Il était pourtant possible de faire autrement. Ailleurs, comme en Autriche, tous ces espaces sont restés ouverts. Pour les enfants, principalement.
- Pourquoi donc vouloir les remettre à l’intérieur des classes à partir du 11 mai, quand élèves et enseignants auront passé toutes ces journées enfermés ? Comment imaginer qu’ils pourraient se réjouir d’une telle perspective ? Parmi les quelque 16 millions d’enfants et leurs parents, et le million de professeurs, beaucoup ne semblent pas avoir envie de retourner dans des salles closes, autant nids à microbes que continuité du confinement.
Promiscuité ou lien avec la nature
- Et si une autre solution existait ? Qui n’impliquerait pas la poursuite du confinement, mais l’usage de nouveaux espaces d’enseignement ? Les établissements scolaires ne disposent souvent pas d’espaces suffisants à l’intérieur pour permettre le respect des distances minimales recommandées. Les classes et les espaces de circulation sont trop exigus et entraînent des densités moyennes élevées et des situations de promiscuité.
- En revanche, la plupart des communes disposent d’espaces extérieurs – jardins, parcs, stades, terrains de football, forêts, etc. Et si on s’en servait pour faire classe ?
- Autrement dit, comme le recommandent déjà certains élus, pourquoi ne pas faire cours dehors ? Cela aiderait à protéger les enfants, les enseignants et les familles. A l’extérieur, le renouvellement de l’air permet de réduire le risque de contagion par aérosol. Cela permettrait aussi de renforcer le système immunitaire des enfants et des enseignants, ce qui est utile en période d’épidémie.
- La démarche ne serait pas seulement sanitaire. De nombreux autres pays intègrent déjà, et dans certains cas depuis longtemps, l’importance du lien avec la nature et son rôle dans le développement de l’enfant dès sa naissance, mais aussi son intérêt pédagogique. Dans des pays, parfois en tête des classements internationaux comme PISA, les enfants profitent déjà largement des bienfaits des expériences régulières dans la nature.
- Ainsi, les écoles en forêt où les jeunes enfants ont classe dans un espace naturel toute l’année existent depuis les années 1950 en Europe du Nord, et leur nombre explose quasiment partout dans le monde depuis une dizaine d’années. En 2010, l’Ecosse intègre l’apprentissage à l’extérieur au programme officiel, pour les enfants de 3 à 18 ans, et au Royaume-Uni, les enseignants sont encouragés à sortir avec leur classe, et formés pour faire évoluer leur posture et tirer profit de ces nouveaux espaces.
- Ces jours-ci, au Danemark, les enfants retournent peu à peu à l’école. En plus des marquages au sol, des horaires aménagés et du lavage de mains toutes les deux heures pendant une minute, beaucoup d’élèves et d’enseignants découvrent les cours en dehors de la classe (en salle de gym, dans la cour, sur le parking de l’école, dans les parcs, etc.) « En temps normal, l’enseignement en dehors des murs est déjà pratiqué mais, en cette période de Covid-19, il est vivement conseillé », expliquait récemment dans la presse Rasmus Edelberg, le président de l’association danoise Ecole et parents.
Le contact avec la nature nous fait du bien
- La reprise scolaire doit aussi permettre à nos enfants, qui vont arriver à l’école fatigués, énervés, stressés, de retrouver un accès à des espaces où ils puissent souffler, s’apaiser et s’émerveiller. Car le contact avec la nature nous fait du bien, c’est depuis des décennies un fait scientifiquement prouvé. Il est bon pour la santé physique et psychique, et favorise le développement cognitif, émotionnel et moteur des enfants.
- D’autres études ont montré qu’enseigner dans la nature était aussi particulièrement efficace pour les apprentissages scolaires. De plus, les contraintes liées au bruit et à l’espace limité s’atténuent dans des espaces moins contraints et artificialisés, et avec elles le stress des enfants et des adultes, et les comportements agressifs.
- Commencer à faire classe à ciel ouvert pourra contribuer aussi à l’épanouissement des enfants, en leur offrant l’espace, le calme et les possibilités de découverte et d’émerveillement dont ils ont besoin.
- Comment mettre cela en place de façon aussi rapide ? Faire bouger l’éducation nationale en deux semaines ? En faisant comme pour les transports, alors que des grandes villes (comme Paris, Milan ou New York) se préparent à créer en quelques jours des kilomètres de voies cyclables temporaires et élargissent les trottoirs afin de permettre aux piétons et cyclistes de circuler de façon efficace en limitant au maximum les risques de contagion dans les transports en commun ?
Respecter les impératifs sanitaires
- Bien sûr, ces pratiques à l’extérieur devront être effectuées en respectant les impératifs sanitaires et intégrer les gestes barrières. Il est possible de faire classe dehors, quel que soit l’âge des élèves. C’est possible dans les cours de récréation, qui peuvent être utilisées comme espace d’apprentissage à part entière, comme c’est le cas chez certains voisins comme le Royaume-Uni, mais aussi quelques écoles françaises. Il est aussi possible de faire classe à proximité de l’école, que ce soit dans un jardin, un parc, une forêt, etc. Les stades et tout autre espace public extérieur pourraient également être utilisés. Est-ce faisable ? Tout à fait.
- Des centaines d’enseignants dans le public en France pratiquent déjà la classe dehors régulièrement, certains depuis plusieurs années. Leur nombre, avant la crise causée par le Covid-19, était d’ailleurs en train d’augmenter très rapidement, partout dans l’Hexagone, notamment à Pompaire (Deux-Sèvres), Laval, Rennes, Caen, Lyon, Paris, Gennevilliers (Hauts-de-Seine), etc. Et pendant le confinement, de nombreux établissements rêvaient de pouvoir s’y mettre, et enseigner à l’air libre, au soleil. Cela n’est pas interdit, c’est possible en ville comme en milieu rural, et très peu coûteux. Pour la reprise scolaire, si nous faisions la classe dehors ? C’est devenu indispensable.
- Voir l'article sur le site du Monde
Signataires
- Isabelle Adgnot (Professeur des écoles en maternelle Gavaudun), Maryline Albert (Professeure des écoles Paris), Lucy Amado (Enseignant), Antonio ARROYO (Professeur, Docteur en sciences de l'éducation, Membre associé au laboratoire CIRNEF, Université de Rouen), Nadège Aven (Enseignante, Fontenay sous Bois), Philippe Bancon (Chef d'établissement de Collège), Amélie Barré (Professeur des écoles stagiaire), Guillaume Barucq (Médecin généraliste, adjoint au maire de Biarritz à l'environnement), Mathieu BELLAY (Directeur du Centre du Palandrin à Pénestin), Rachel Belloulou (Animatrice nature et développement durable, Livry Gargan), Simon Benateau (Co-responsable de Vigi-nature école), Anne-Catherine Bennetot (praticienne de l'école au dehors, enseignante en SVT, Esbly, 77), Yannis Ben Boujema (Conseiller pédagogique), Mélinda Bernardeau (Conseillère pédagogique), Odile Biel (Enseignante), Sophie Binetruy (Enseignante), Olivier Bioteau (enseignant-formateur, chargé de mission Sciences et Éducation au développement durable, DSDEN49), Orane Bischoff (Doctorante, membre du Groupe de Recherche en Ecoformation), Céline Bisseler (Conseillère pédagogique), Geneviève Bonnefant (praticienne école dehors, professeure des écoles), Sylvie Boisgerault (Enseignante), Adeline Bonnel (Professeur des écoles à Grigny), Claire Bourgerette (Professeur des Écoles Maître Formateur), Pierre Bertrand (Éducateur Nature & astronomie), Marion Bouchard (Professeur des écoles Aubervilliers), Catherine Bourgoin (Enseignante histoire-géo, Champagnole), Valentine Bourrat, (animatrice nature à Paris), Olivier Brechard (Directeur #LearningPlanet Festival, Centre de recherches interdisciplinaires), Sylvie Broïdo (Conseillère pédagogique), Philippe Brun (Professeur de psychologie CIRNEF Université de Rouen Normandie), Jacky Bonnet (Maire adjoint education, La Couronne), Célia Burckel (professeur des écoles à Saverne), Arnaud Callec (Ingénieur écologue, chargé de communication), Gillian Cante (Directrice
- (chargée de communication de la fondation Terra Symbiosis), Léandro de Lajonquière (Professeur des universités, Saint Denis), Philippe de Saint Louvent (Animateur nature et pilote du collectif Tous Dehors, Belgique), Julie Delalande (Professeure des universités en sciences de l'éducation à l'Université de Caen Normandie, Chercheure au CIRNEF), Marion Delalande (Professeur de Violoncelle), Gilles Delesque (Doctorant en Sciences de l’éducation), Lyliane Denante (Auteure de contes pour enfants), Claire de Saint Martin (Maître de conférences en sciences de l'éducation, laboratoire EMA, Ecole, Mutations, Apprentissages, INSPE CY Cergy Université), Vincent Desjardins (Praticien de l'école au dehors, enseignant en EPS, Bondy, 93), Christian Despont (Ostéopathe kiné), Marie- Noëlle DROUET (Animatrice nature), Cecile Detroussel (Professeur des écoles à Saint Jean de Boiseau), Arnaud Dubois (Professeur des Universités en Sciences de l’éducation), Émilie Dubois (Maitre de conférences, Rouen), Sylvain Duchemin (Praticien de l’école du dehors, professeur des écoles), Martine Duclos (PU-PH, CHU Clermont-Ferrand et Université Clermont Auvergne, ONAPS), Laurence Duffort (Directrice du Conseil d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Paris), Clémence Dujour (Praticienne de l’école dehors, Facilitatrice d apprentissages), Idaline DURIN (Enseignante à Livron sur Drôme), Julie Duval (Doctorante en géographie et sciences de l'éducation du laboratoire éMA et/ou université Cergy, groupe ApprES ), Dynamique Sortir ! du Réseau Ecole et Nature, Louis Espinassous (Écrivain et éducateur nature), Anne-Jeanne Etienbled (Éducatrice Nature Montessori Paris), Emmanuelle Farrenq (Éditrice - Paris), Moina Fauchier-Delavigne (Journaliste, Co-auteur de "L'enfant dans la nature"), Pascale FERCHAUD (Conseillère pédagogique 79), Crystèle Ferjou, conseillère pédagogique départementale, Isabelle Filliozat (Psychothérapeute, écrivaine), Séverine Fix (conseillère pédagogique à Paris), Cynthia Fleur
toyenne en Prévention Santé : UCPS, Université de Bretagne Occidentale : UBO), Ahmed Hamrouni (Praticien de l'école au dehors, enseignant en SVT, Vitry/Seine, 94), Joëlle Hardy-Vulbeau (CPC Paris), Maude Hatano-Chalvidan (Enseignant-chercheur, Caen), Frédérick Heissat (Professeur des écoles, cofondateur réseau Profs en transition), Jean-Christophe Hortolan (Conseiller pédagogique départemental de Charente), Michel Hortolan (Vice-président de l'association Charente Nature), Bruno Humbeeck (Professeur de psychopédagogie Université de Mons, Belgique), Denis JARDINIER (Conseiller pédagogique Paris), Ruth Joiner (Praticienne de l’école du dehors, co-fondatrice du Réseau pour la Pédagogie Par la Nature), Lyse-Maëlle Jorigné (Enseignante, Directrice, PEMF), Pauline Jullien (Ostéopathe Paris), Christophe KLENIEWSKI (Conseiller pédagogique), Alexandre Kouakou (Doctorant, Université de Caen Normandie), Eric Julien (Fondateur de l'Ecole pratique de la nature et des Savoirs), Patricia Jung-Singh (Fondatrice de la fondation Terra Symbiosis), Najah Kort (Enseignante), Jacques Lachambre (Directeur d'éducation environnement 64), Frédéric Laferriere (Conseiller Pédagogique), Emilie Lagoeyte (Formatrice aux pratiques d'éducation nature), Yvette Lathuillière (Conseillère pédagogique), Sonia LAVEDRINE (Enseignante GERZAT), Catherine Leclercq (Directrice d’école à Anger), Anne-Sophie LEFEBVRE (Conseillère pédagogique), Hervé Lefebvre (Président de la Communauté de Communes du Savès), Marine Le Fur (Professeur des écoles - Annecy), Pascal léger (Professeur des école à Fontainebleau), Eve Leleu-Galland (Inspectrice, Mission Maternelle, Paris), Françoise Le Lièvre (Conseillère pédagogique Paris), Héloïse Lemardeley (Professeure des écoles), Anne Laure Le Guern (Maîtresse de conférences en sciences de l'éducation et de la formation, Université de Caen Normandie, CIRNEF, INSPE, Groupe ApprES ), François Lenormand (Animateur de Club CPN, administrateur de la fédération des clubs Connaître et P
rotéger la Nature), Justine Lepers (Chargée de projets éducatifs européens), Estelle Lesbec (Professeure des écoles), Laurent Lescouarch (Professeur des universités), Sophie Levrard (Praticienne de l’école du dehors, Professeur des écoles, Doctorante sciences de l'éducation, CIRNEF, Caen), Christine Leymonie (ATSEM), Nadia Lienhard (Praticienne de l’école du dehors, Professeur des Écoles à Rochefort), Jenny Lino (Professeur des écoles à Dijon), Fabienne Louyot (Enseignante, architecte, chercheure, laboratoire IPRAUS, ENSA Paris-Belleville), Alexandra Lorenzo (Fondatrice de l'association ITAWA), Bernadette Lucq (Animatrice nature Pyrénées), Sophie Maître (Professeur des écoles, essart en Bocage), Antoine Maldonado (Enseignant et co-fondateur Profs en transition), Nathalie Manceau (Professeur des écoles Mauléon), Maïmonatou Mar (Co-fondatrice de Gribouilli, association professionnelle de gardes d’enfant d’île de France), Julie Marboutie (Professeur des écoles Fougerolles), Sophie Marinopoulos psychologue, psychanalyste, fondatrice des espaces d'accueil solidaires pour les familles "Les Pâtes au Beurre Nantes), Miryam Massot-Leprince (Formatrice à l'INSPE de Caen et PEMF), Céline Martin (professeur des écoles Toul), Isabelle Mayor (Réalisatrice à Paris), Corinne Mazel (Conseillère Pédagogique EPS), Isabelle Melon (Conseillère pédagogique à Paris), Laurence Menard (Professeure des écoles, Paris), Noëlle Milliat (Professeur de yoga à Rennes), Gilles Mirand (praticien de l'école au dehors, enseignant en SVT retraité, Limeil-Brévannes, 77), Marie- pierre moine (chef d'établissement scolaire à CHAGNY), Anne Monciero (Conseillère Pédagogique), Léonore Moncond'huy (conseillère régionale Nouvelle Aquitaine déléguée à la vie associative), Christel Monnerie (Adjointe à la mission académique éducation prioritaire), Béatrice Moreaux (Professeure d'anglais, Rennes), Serge Morin (Président d’association d’éducation à l’environnement, CPIE de Gâtine Poitevine), Jean-François Narducci
- (Éducateur à la nature, Vice-Président de la fédération des CPN - Launaguet 31), Sandrine Nicollet (Enseignante), Nathalie Noel (Inspectrice Adjointe au DASEN pour le premier Degré. DSDEN des Deux-Sèvres), Anne-Sophie Novel (Journaliste), Jérôme Orvain (Paysan, conseiller régional Nouvelle Aquitaine délégué à l’agriculture Biologique), Marie PAQUET (Inspectrice de l'Education nationale), Jorge Pardo (praticien de l'école au dehors, enseignant en SVT, Saint-Denis, 93),Virginie Patissou (Enseignante la seyne sur mer), Agnès Perreau (Coordinatrice de projets nature et biodiversité), Thierry Perreau (Formateur Loudun), Julien Péron (Créateur du congrès Innovation en Éducation), Julien Perrot (Rédacteur en chef de La Salamandre), Marie-Hélène Pillot (Coordinatrice du Pôle Relier de l’association Colibris et co-coordinatrice de l’Agora des colibris), Virginie Pilling (Praticienne de l’école du dehors, Professeure des Écoles), Laure Pillot (praticienne de l'école au dehors et co-porteuse d'un projet de débitumisation de cours d'école, Angers, 49), William Pillot (Maître de conférences en Histoire, Université d'Angers), Thierry Piot (Praticien de l’école du dehors, professeur sciences de l'éducation. Université de Caen), Céline Potet (Auxiliaire de vie scolaire), Marie Portet (Conseillère pédagogique), Anne-Caroline Prévot (Directrice de recherche CNRS et chercheuse au Cesco, Muséum national d'histoire naturelle), Jacqueline Puyravaud (Animatrice du laboratoire des initiatives Bourgogne Franche Comté), Joëlle Quintin (Consultante pour les projets de verdissements des lieux éducatifs), Sophie Rabhi-Bouquet (Pédagogue), Réseau École et Nature, Assia Rabinowitz (Éditrice), Hélène Raquin (Professeure des écoles à Saint-Denis), Nathalie Ralec (enseignante), Pierre-Yves Refalo (Enseignant, conseiller pédagogique, Paris), Alexandre Ribeaud (Professeur des écoles), Julie Ricard (Co-fondatrice du Réseau Français de Pédagogie Par la Nature), Caroline ROBIN (Conseillère pédagogique E
e Normandie), Carine Vigneau (Enseignante d'EPS), Delphine Vovard (Professeure des écoles, 94), Ingrid Vadot (Professeur des écoles), Laure Voevodenko (Praticienne de l’école du dehors, Professeur des écoles Breuil Magné), Anne Vuillemin (Professeur des universités, Université Côte d’Azur), Christine Watteyne (Professeur des Écoles en retraite), Sarah Wauquiez (Formatrice d'enseignants et psychologue), Anne Weiller (Conseillère pédagogique ASH), Jacqueline Webdland (Professeur des Universités, Paris), Richard Wittorski (Universitaire à l’Université de Rouen), Estelle Zuliani (Conseillère pédagogique).
Auteur
Moïna Fauchier-Delavigne
Manifeste rédigé par l'association l'Académie de la petite enfance pour les élections européennes (mai 2019)
Manifeste rédigé par l'association l'Académie de la petite enfance pour les élections européennes (mai 2019)
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
Nous sommes convaincus que, plus que jamais, il faut mettre l’enfant au cœur des politiques publiques en Europe et dans le monde.
Les enfants sont les premières victimes des inégalités et des discriminations, mais aussi les premières victimes des atteintes à la santé et l’environnement (pollution de l’air, pesticides…). Nous avons besoin de questionner nos pratiques et nos politiques afin d’assurer une culture commune et de permettre à la génération des plus jeunes de grandir dans un environnement durable et de bénéficier d’une éducation bienveillante.
Par ce manifeste, l’Académie de la Petite Enfance, en s’appuyant sur la Convention des droits de l’enfant et sur les stratégies mises en place par le Conseil de l’Europe, les organisations internationales, et la COP 21, lance un appel pour que les questions environnementales soient durablement inscrites dans les politiques publiques.
Le 20 novembre 2019, cela fera 30 ans que l’Assemblée générale de l’ONU aura adopté la Convention Internationale pour les droits de l’enfant (CIDE). Entrée en vigueur le 6 septembre 1990 avec 20 Etats parties, la Convention a été reconnue par la quasi-totalité des Etats du monde puisque 196 d’entre eux l’ont ratifiée.
Cette Convention a donné naissance à divers organes et dispositifs la complétant, visant à la rendre plus opérationnelle. Le plus connu est, sans conteste, le Comité de Droits de l’enfant composé de 18 experts indépendants qui examinent les rapports que les Etats parties ont pour obligation de leur soumettre tous les 5 ans sur l’évolution de la situation des droits des enfants et sur les efforts de mise en œuvre de la Convention dans leur législation.
Trente ans déjà. L’âge de la maturité. Cette Convention a-t-elle permis d’améliorer notablement la condition des enfants ? Ses promesses ont-elles pris corps dans nos mentalités et dans notre quotidien ? Pouvons-nous dire que chacun d’entre nous a profondément à cœur de voir se réaliser les ambitions de la Convention ?
D’après l’Enquête sur l’accès aux droits (volume 4) publiée en 2017 par le Défenseur des Droits français, si une personne sur deux est en mesure de citer spontanément un des droits protégés par la CIDE, il s’agit généralement du droit à l’éducation, du droit d’être protégé contre les maltraitances ou encore du droit d’être en bonne santé. En clair, les droits classiques – déjà proclamés dans les Déclarations portant sur les droits de l’enfant, celle de la Société des nations de Genève en 1924 et celle de l’ONU de 1959 – à la protection et aux prestations indispensables au bon développement de l’enfant
Qu’en est-il, par conséquent, de ces autres droits, participatifs, dits « citoyens », qui renvoient à une nouvelle conception de l’enfant – sujet, acteur de son développement et de sa vie ?
Si la Convention a pris tant d’importance, ce n’est pas seulement dans le sens où elle a conféré une valeur juridique aux déclarations antérieures, elle a surtout marqué une avancée, une mutation dans la représentation que nous nous faisons de l’enfant qui n’est plus exclusivement un être à secourir, à protéger, à élever ou éduquer, mais une personne à part entière, fondamentalement un « sujet » de droit (articles 12 à 16).
Cette conception, plus ouverte, d’un enfant riche de potentialités dès sa naissance, qui ressent, qui aime explorer, découvrir, progresser, qui a besoin d’être reconnu, encouragé, soutenu, nous la retrouvons aujourd’hui dans le Cadre national pour l’accueil du jeune enfant de 2017 qui donne des orientations précises aux professionnels de la Petite enfance soucieux du développement et de l’épanouissement physique, affectif, cognitif et social des enfants.
Alors, quels liens tisser entre l’esprit de la Convention, son souci de protéger l’enfant, de lui assurer des conditions de vie respectueuses de sa fondamentale dignité, de sa santé, mentale et physique, de son bien-être, tout en lui accordant un statut de sujet, d’acteur, de citoyen, en se mettant à son écoute, en l’autorisant, en l’incitant à agir – et la manière dont les adultes doivent assumer leurs responsabilités auprès des jeunes enfants dans les conditions de vie effectives qui sont les nôtres aujourd’hui ?
Dans le cadre de l’Académie de la Petite Enfance et avec l’ensemble de nos partenaires, nous portons un souci majeur : celui de l’avenir de nos enfants dans un monde toujours plus clairement menacé par la pollution, le réchauffement climatique, la course à la consommation qui produit plus de méfaits que de profits, la dégradation de l’environnement et la rupture du lien avec la nature. De consommateurs, nous sommes devenus prédateurs et ce sont nos enfants qui en pâtissent et en pâtiront en priorité. Cet aspect-là, les concepteurs de la Convention ne l’avaient pas pris en compte et nous n’imaginions peut-être pas vraiment, en 1989, que l’engagement des Etats en matière de santé (art. 24) devait également porter sur le droit à un environnement sain.
Pouvons-nous, par conséquent, considérer qu’en tant qu’adultes, et donc responsables, nous n’avons de leçon à recevoir de personne ? Sommes-nous capables de nous montrer suffisamment « matures pour dire les choses telles qu’elles sont » et pour agir ? Cette question, c’est Greta Thunberg qui nous la pose, une jeune de 15 ans, qui nous invite à œuvrer en faveur de « la justice climatique » et d’une « planète vivante », suivie en cela par d’autres jeunes de plus en plus nombreux.
Notre enfant-citoyen, ce sera donc celui à qui nous proposerons une éducation et des conditions de vie respectueuses de sa nature et de la nature qui nous environne, cette nature qui nous contient, que nous habitons et qui nous habite. Enfant citoyen dès le berceau, parce que nous veillerons non seulement à ne pas nuire à sa santé, en nous informant, en rationalisant la consommation, en sélectionnant des produits non polluants, en proposant une alimentation saine, mais aussi parce que nous militerons pour un monde plus clairvoyant, plus juste, et développerons par l’éducation et au quotidien le lien naturel qu’il est apte à entretenir avec la nature. Il s’agit d’ouvrir aux enfants des champs d’action qui leur permettront de mieux connaitre le monde qui les entoure et d’y vivre des expériences heureuses.
Partageant ainsi les grands objectifs des différentes institutions ou organisations soucieuses d’assurer la protection et la promotion des droits de l’enfant, nous affirmons que, dès son plus jeune âge, l’enfant peut et doit être considéré comme un citoyen de droit – acteur majeur du développement durable, parce que nous sommes responsables de la qualité de cet avenir qui lui appartient en priorité.
L’enfant vit dans une société dont il est dépendant et tout adulte est responsable de lui. Ses parents sont responsables au premier titre et les autres adultes, les professionnel.le.s de la petite enfance y compris, sont responsables par délégation. L’enfant n’appartient à personne, si ce n’est à lui-même. Pour que l’enfant vive une enfance heureuse, la place des parents est essentielle dans sa vie et dans la société.
Aussi, nous pensons qu’il est nécessaire que la société reconnaisse les compétences des parents au quotidien. Ils sont des acteurs, source de savoirs et de savoir-faire complémentaires à ceux des autres acteurs de la société. Reconnaitre leurs compétences, c’est comprendre qu’il est plus important, pour le bien-être de l’enfant, de faire avec les parents plutôt que de faire pour eux. C’est dans cette dynamique que l’Académie de la Petite Enfance s’inscrit.
Aussi, pour nous, il s’agit de reconsidérer la place de la famille et de rééquilibrer la relation dissymétrique, instaurée depuis des décennies entre les parents et les institutions, en légitimant leur place dans la société et en faisant évoluer les regards : des parents vers les institutions – des institutions vers les parents.
Pour ce faire, s’inscrire dans le croisement des savoirs est une des voies que nous soutenons avec force. Pour l’Académie de la Petite Enfance, il s’agit, en effet, de valoriser les potentialités des parents et ce quelles que soient les familles, les pratiques et les cultures familiales, afin qu’ils s’investissent en tant qu’acteurs de projets avec de réelles responsabilités.
Loin d’opposer les savoirs des parents, les savoirs des institutions, les savoirs scientifiques, il s’agit de construire ensemble des partenariats et de faire valoir à égalité la capacité d’expression et d’action de chaque membre-partie prenante.
Si on se réfère à ce proverbe africain « C’est tout un village qui élève un enfant », la co-éducation ne doit pas être un vain mot et chacun a une part de responsabilité dans la vie des enfants.
Aussi, à l’heure, où la société s’individualise de plus en plus et perd le lien avec la nature, il est nécessaire de prendre le contre-pied et de tirer la sonnette d’alarme. Apprendre à vivre ensemble et en harmonie avec l’environnement redevient un impératif pour chacun. Collaborer, entreprendre ensemble, s’écouter, partager sont une nécessité vitale autant pour l’enfant que pour la famille et la communauté.
Les politiques publiques à tous les niveaux doivent s’engager à être au service des individus et, par le biais d’actions de proximité, donner aux familles l’opportunité d’un apprentissage permanent, d’échanger, de partager, de collaborer et, au final, enrichir leur vie.
Au cours des dix dernières années le contexte démographique et l’exercice de la parentalité ont changé en Europe. L’offre d’accueil et la prise en charge des enfants ont évolué. Elles se sont de plus en plus marchandisées. Les attentes de beaucoup de parents étant insatisfaites, ceux-ci sont devenus des promoteurs pour que se créent des structures répondant à leurs attentes.
La mobilisation des parents. Dans ce contexte, l’engagement citoyen des parents a pris de nouvelles formes. En Europe,si les contraintes matérielles prédominent, d’autres facteurs prennent de l’ampleur. Avec les professionnel.le.s de la Petite enfance, les parents, deviennent des lanceurs d’alerte. Ils s’engagent à plusieurs niveaux :
– en créant des lieux d’accueil répondant à des enjeux éducatifs et de bien-être où le développement de l’enfant repose sur la bienveillance, l’ouverture au monde, des conditions de vie saines : nourriture, cadre de vie.
– en lançant des actions d’ampleur. Toutcomme Sabine Grataloup, mère d’un garçon de 10 ans né avec de graves malformations, qui a porté plainte contre les fabricants d’herbicides à base de glyphosate, de nombreux parents s’engagent pour dénoncer les atteintes à la santé de leurs enfants. Le tribunal Monsanto, en 2016-2017, à La Haye, a reconnu que la rupture avec la nature a des conséquences graves sur la santé des enfants et l’avenir de la planète.
La prise en charge de l’éducation
Ce mouvement se développe aussi sous la forme de nombreux réseaux citoyens en faveur d’une éducation bienveillante. Le renouveau des pédagogies centrées sur l’écoute e l’enfant, l’éducation démocratique et le lien avec la nature est le signe de cet intérêt croissant pour l’avenir du tout-petit. Ce mouvement concerne aussi la formation des professionnel.le.s qui est de plus en plus prise en charge par ces réseaux. Une demande de reconnaissance de ces pratiques alternatives d’éducation a été déposée au niveau européen.
Du local au global
Ce mouvement de mobilisation des parents se heurte non seulement à l’obstacle d’intérêts financiers considérables, mais aussi au statut de minorité de l’enfant, sujet de droit, certes, mais dans l’incapacité juridique et citoyenne de se défendre.
Les parents et les professionnel.le.s sont en première ligne pour défendre les droits de l’enfant. Jusqu’à récemment, la contribution des parents était limitée à un accompagnement éducatif. Leur implication dans les espaces de vie des enfants était restreinte à l’environnement proche. La dimension globale prend maintenant de l’ampleur.
L’enjeu est de taille : comment faire entendre l’intérêt des enfants avant 6 ans dans ce contexte ? L’accès aux droits reste en deçà des possibilités s’il reste cantonné à une sphère administrative et réglementaire.
Dans beaucoup de domaines, l’enfant est juridiquement dépendant des parents et des adultes-relais (professionnels de la petite enfance, pédiatres, magistrats…). Du fait de sa minorité, il n’a pas la capacité d’agir. Qui va défendre l’intérêt de l’enfant ? Les droits des enfants n’ont de sens que si les parents sont des acteurs de Droit, notamment les plus vulnérables (familles monoparentales, personnes migrantes, familles en grande précarité). L’accès au(x) droit(s) des parents devient de ce fait une priorité. Le développement harmonieux de l’enfant va dépendre directement de cette capacité à mobiliser autour et pour lui un accompagnement médical, social et éducatif de qualité.
Face à la croissance de la pauvreté et des inégalités sociales, les familles en grande précarité sociale et les familles migrantes et réfugiées doivent être une priorité dans les politiques européennes.
L’Académie de la Petite Enfance est née en 2015, à l’initiative des « Diaconesses de Strasbourg » et du « FURET », association qui œuvre à la promotion de la diversité et de l’égalité des chances dès la petite enfance, en partenariat avec deux écoles d’éducateurs de jeunes enfants à Strasbourg et à Mulhouse.
L’Académie de la Petite Enfance est un laboratoire d’idées réunissant des citoyens et des professionnels ayant à cœur de promouvoir un environnement et une éducation de qualité pour les enfants de 0 à 6 ans. Elle s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire en rassemblant éducateurs, pédagogues, gestionnaires de structures, pédiatres, psychomotriciens, orthophonistes, artistes, théologiens, philosophes, parents, élus politiques et militants.
Notre préoccupation concerne le bien-être et les droits de la jeunesse d’aujourd’hui, qui constituera l’humanité de demain. Grandir en humanité est notre lutte, vivre avec l’enfant l’avenir de la planète, notre slogan !
Des textes de lois existent, des études émergent, qui interpellent et nous appellent à réagir :
1. En exigeant le respect des Droits de l’enfant : Le droit international indique, à travers les conventions et les accords internationaux, l’obligation de veiller et d’œuvrer pour le bien-être de l’enfant, notamment en préservant son environnement.
2. En attirant l’attention sur l’urgence de réagir contre les atteintes à la santé des enfants. De nombreuses recherches démontrent une croissance des maladies endocriniennes directement liées aux polluants, telles que l’asthme et les allergies toujours plus fréquentes chez les jeunes enfants. Plusieurs rapports constatent une croissance inquiétante de l’obésité chez les très jeunes enfants, liée à un manque d’activité physique et à une alimentation déséquilibrée.
3. En restaurant le lien entre la nature, l’environnement et la petite enfance dès le premier âge, afin d’assurer le développement harmonieux et le bien-être des enfants. Pour cela, nous avons besoin de partager nos expériences et nos pratiques.
4. En décloisonnant le thème du développement durable. Le développement durable et la Petite enfance représentent un enjeu majeur pour notre planète et pour l’humanité. Il faut les aborder et les traiter dans toute la complexité de leurs interrelations. Les évènements organisés par l’Académie sont un vecteur de ce décloisonnement renforcé par le lien avec les acteurs du terrain.
L’Académie de la Petite Enfance s’appuie sur 2 organismes de formation, établissements d’enseignement supérieur, spécialisés dans les champs de l’éducation et de la famille, l’EDIAC formations à Strasbourg et L’école supérieure de Praxis social à Mulhouse. Avec des chercheurs, des étudiants motivés et un réseau professionnel bien constitué, ces 2 écoles mènent des travaux de recherche-action autour des thématiques chères à l’Académie. Ces recherches-actions permettent de croiser les expériences, de faire émerger des pratiques, de fournir un champ d’expérimentation, de créer un espace de travail sur les représentations et d’assurer un relai de communication.
Autre membre co-fondateur, l’association Le Furet se consacre, depuis 20 ans, à la promotion de l’égalité des chances dès la petite enfance. Elle travaille pour et avec les professionnel.le.s de la petite enfance autour des questions de pédagogie, de santé, d’égalité, de bientraitance. La revue « Le Furet », d’audience nationale et européenne, est publiée chaque trimestre à leur intention. Le Furet ouvre ses pages à l’Académie de la Petite enfance pour qu’elle s’exprime et qu’elle témoigne des actions menées.
L’Académie travaille en réseau avec une trentaine d’associations actives sur les questions de développement durable et petite enfance.
Par la qualité de leurs expériences, expertises et engagements professionnels ou militants, les membres et partenaires de l’Académie sont les garants des travaux relevant de leurs domaines respectifs : petite enfance, développement durable, politiques publiques, éducation
À l’Académie de la Petite Enfance de Strasbourg, un groupe de citoyens, d’éducateurs et d’ONG de protection de l’enfance se sont réunis pour placer le sujet de la petite enfance à tous les niveaux du débat public, en reliant directement le bien-être des enfants à la qualité de l’environnement. Nous sommes convaincus que la question du développement durable ne peut être traitée efficacement que si tous les acteurs impliqués, au niveau local, régional, national et européen travaillent ensemble.
Il est donc urgent d’étudier, ensemble et de façon pragmatique, 7 domaines en rapport avec l’enfant :
La santé
Nous savons que la présence croissante de perturbateurs endocriniens dans notre environnement ainsi que le manque d’activités physiques menacent la santé des enfants.
L’alimentation
La provenance, la préparation et la présentation de l’alimentation pendant les premières années de l’enfant impactent d’une manière importante ses choix futurs.
La nature
Le jeu libre à l’extérieur, l’exploration de l’environnement naturel et le contact direct et régulier avec la nature sont essentiels au développement cognitif et affectif de l’enfant.
Les écrans
La surexposition aux écrans des plus petits met en danger leur développement cognitif, moteur et social.
La culture
Chez un enfant, la pratique de la création et le contact avec la culture, dès le premier âge contribuent à la compréhension du monde et au désir de devenir acteur du développement durable.
L’urbanisation
Les enfants ont besoin d’espaces naturels pour grandir et se développer. La bétonisation croissante des espaces dans les villes va à l’encontre de leurs besoins.
L’égalité
Le développement durable de l’humanité ne peut se faire dans des sociétés où les inégalités, présentes dès la naissance, se creuseraient.
Notre volonté est de questionner les pratiques, soutenir et valoriser les initiatives, susciter des politiques appropriées et placer parents et enfants au cœur des politiques publiques
L’Académie de la Petite Enfance réfléchit et agit du local au global pour que la question du développement durable soit prise en compte dès les premiers âges de la vie et dans toutes les instances de gouvernance, notamment :
Le Parlement européen et la Commission européenne.
Le Conseil de l’Europe dans le cadre de la stratégie pour les droits de l’enfant.
Le Réseau européen des Défenseurs des droits des enfants (ENOC.
Les collectivités locales et régionales.
Le réseau ENOC Européen Network of Ombudspersons for Children.
Réseau européen des médiateurs pour les enfants
Dans son rapport, « De la naissance à 6 ans : au commencement des droits » de 2018 le Défenseur des Droits de la France a formulé 26 recommandations visant à inspirer «….les pouvoirs publics pour qu’ils prennent soin des très jeunes enfants, favorisant le développement de leurs capacités et compétences et les prennent en considération en tant qu’acteurs et sujets de droits au sein de la société » selon les termes de l’éditorial du rapport signés par Jacques Toubon Défenseur des Droits et Geneviève Avenard Défenseure des enfants, Adjointe du Défenseur des Droits.
Cependant aucune des recommandations n’évoque les questions de développement durable. Il nous semble important de suggérer que cela devienne un sujet de travail commun des Défenseurs des enfants à l’échelle européenne dans les 7 domaines précédemment mentionnés.
Le Conseil de l’Europe
Le Conseil de l’Europe a établi pour la période 2016-2021 une stratégie pour les droits de l’enfant à partir de l’identification de 7 obstacles actuels et futurs aux droits de l’enfant : la pauvreté, la violence, le système judiciaire pensé pour les adultes, les difficultés familiales et parentales, le racisme et les discours de haine et la radicalisation, les enjeux du numérique, les migrations.
La stratégie a ainsi été construite autour de 5 priorités : l’égalité des chances, la participation, une vie sans violence, une justice adaptée, les droits dans l’environnement numérique ; et ceci pour tous les enfants
Aucun focus n’a été mis en particulier sur la période charnière que constituent les premiers âges de la vie en rapport avec le développement durable.
Nous proposons que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le Secrétariat général et le regroupement des ONG soient attentifs à cet enjeu fondamental, pour que celui-ci figure en bonne place parmi les priorités des années à venir et donne lieu à la constitution de groupes de travail ad-hoc.
L’Union européenne
Au plan européen les questions de petite enfance sont abordées au sein d’un intergroupe émanant de membres du Parlement européen.
La Commission européenne a conduit des travaux qui portent essentiellement sur la qualité des modes d’accueil de la petite enfance. Dans ce cadre, la création d’un groupe thématique est envisagée pour contribuer à soutenir l’action des Etats membres en faveur de la qualité des systèmes d’éducation et d’accueil de la petite enfance en accordant des moyens financiers à la conduite de projets.
Nous proposons que les élus, membres du Parlement européen à l’issue des élections du 26 mai 2019, portent la proposition de création d’un deuxième groupe thématique pour promouvoir l’articulation des questions de développement durable et de tous les modes d’action dans le champ de la petite enfance. Des soutiens financiers devraient également être prévus pour susciter des projets pilotes.
Penser à un niveau local, national et international, le concept d’un pays éducateur et d’une Europe éducatrice pourrait apporter, à chaque individu, un autre regard sur la famille et sur l’enfance, différent de celui du soutien et plus proche de celui d’acteur de sa vie qui se prend en charge et participe à la vie de la société.
L’Académie de la Petite Enfance s’inscrit avec enthousiasme et conviction dans ce partage de territoires, de savoirs et de savoir-faire. C’est dans ce cadre qu’accompagnés de personnes responsables renforcées dans leur légitimité les enfants pourront expérimenter la citoyenneté.
Pour l’Académie de la Petite Enfance
Maryvonne LYAZID – Présidente
Didier ERNST
Daniel SPECKEL
Richard SANCHO ANDREO
Francine HAUWELLE
Marie-Françoise IWANIUKOWICZ
Edith ZILLHARDT
Marie Nicole RUBIO
Gillian CANTE
Oliver SARRAZIN
Audrey SANCHEZ
Marie José HIRTZ
Chantal MAZAEFF
Mohamed TALEB
Relations presse
Gillian CANTE, citoyenne, chargée du développement durable et de la petite enfance à l’Académie de la Petite Enfance
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La Petite Enfance en Europe : un défi éducatif, social et environnemental
Introduction
Nous sommes convaincus que, plus que jamais, il faut mettre l’enfant au cœur des politiques publiques en Europe et dans le monde.
Les enfants sont les premières victimes des inégalités et des discriminations, mais aussi les premières victimes des atteintes à la santé et l’environnement (pollution de l’air, pesticides…). Nous avons besoin de questionner nos pratiques et nos politiques afin d’assurer une culture commune et de permettre à la génération des plus jeunes de grandir dans un environnement durable et de bénéficier d’une éducation bienveillante.
Par ce manifeste, l’Académie de la Petite Enfance, en s’appuyant sur la Convention des droits de l’enfant et sur les stratégies mises en place par le Conseil de l’Europe, les organisations internationales, et la COP 21, lance un appel pour que les questions environnementales soient durablement inscrites dans les politiques publiques.
CHAPITRE I.– Vouloir et savoir
1.1 Déjà citoyen ! Pour un enfant acteur d’un développement durable
Le 20 novembre 2019, cela fera 30 ans que l’Assemblée générale de l’ONU aura adopté la Convention Internationale pour les droits de l’enfant (CIDE). Entrée en vigueur le 6 septembre 1990 avec 20 Etats parties, la Convention a été reconnue par la quasi-totalité des Etats du monde puisque 196 d’entre eux l’ont ratifiée.
Cette Convention a donné naissance à divers organes et dispositifs la complétant, visant à la rendre plus opérationnelle. Le plus connu est, sans conteste, le Comité de Droits de l’enfant composé de 18 experts indépendants qui examinent les rapports que les Etats parties ont pour obligation de leur soumettre tous les 5 ans sur l’évolution de la situation des droits des enfants et sur les efforts de mise en œuvre de la Convention dans leur législation.
Trente ans déjà. L’âge de la maturité. Cette Convention a-t-elle permis d’améliorer notablement la condition des enfants ? Ses promesses ont-elles pris corps dans nos mentalités et dans notre quotidien ? Pouvons-nous dire que chacun d’entre nous a profondément à cœur de voir se réaliser les ambitions de la Convention ?
D’après l’Enquête sur l’accès aux droits (volume 4) publiée en 2017 par le Défenseur des Droits français, si une personne sur deux est en mesure de citer spontanément un des droits protégés par la CIDE, il s’agit généralement du droit à l’éducation, du droit d’être protégé contre les maltraitances ou encore du droit d’être en bonne santé. En clair, les droits classiques – déjà proclamés dans les Déclarations portant sur les droits de l’enfant, celle de la Société des nations de Genève en 1924 et celle de l’ONU de 1959 – à la protection et aux prestations indispensables au bon développement de l’enfant
Qu’en est-il, par conséquent, de ces autres droits, participatifs, dits « citoyens », qui renvoient à une nouvelle conception de l’enfant – sujet, acteur de son développement et de sa vie ?
Si la Convention a pris tant d’importance, ce n’est pas seulement dans le sens où elle a conféré une valeur juridique aux déclarations antérieures, elle a surtout marqué une avancée, une mutation dans la représentation que nous nous faisons de l’enfant qui n’est plus exclusivement un être à secourir, à protéger, à élever ou éduquer, mais une personne à part entière, fondamentalement un « sujet » de droit (articles 12 à 16).
Cette conception, plus ouverte, d’un enfant riche de potentialités dès sa naissance, qui ressent, qui aime explorer, découvrir, progresser, qui a besoin d’être reconnu, encouragé, soutenu, nous la retrouvons aujourd’hui dans le Cadre national pour l’accueil du jeune enfant de 2017 qui donne des orientations précises aux professionnels de la Petite enfance soucieux du développement et de l’épanouissement physique, affectif, cognitif et social des enfants.
Alors, quels liens tisser entre l’esprit de la Convention, son souci de protéger l’enfant, de lui assurer des conditions de vie respectueuses de sa fondamentale dignité, de sa santé, mentale et physique, de son bien-être, tout en lui accordant un statut de sujet, d’acteur, de citoyen, en se mettant à son écoute, en l’autorisant, en l’incitant à agir – et la manière dont les adultes doivent assumer leurs responsabilités auprès des jeunes enfants dans les conditions de vie effectives qui sont les nôtres aujourd’hui ?
Dans le cadre de l’Académie de la Petite Enfance et avec l’ensemble de nos partenaires, nous portons un souci majeur : celui de l’avenir de nos enfants dans un monde toujours plus clairement menacé par la pollution, le réchauffement climatique, la course à la consommation qui produit plus de méfaits que de profits, la dégradation de l’environnement et la rupture du lien avec la nature. De consommateurs, nous sommes devenus prédateurs et ce sont nos enfants qui en pâtissent et en pâtiront en priorité. Cet aspect-là, les concepteurs de la Convention ne l’avaient pas pris en compte et nous n’imaginions peut-être pas vraiment, en 1989, que l’engagement des Etats en matière de santé (art. 24) devait également porter sur le droit à un environnement sain.
Pouvons-nous, par conséquent, considérer qu’en tant qu’adultes, et donc responsables, nous n’avons de leçon à recevoir de personne ? Sommes-nous capables de nous montrer suffisamment « matures pour dire les choses telles qu’elles sont » et pour agir ? Cette question, c’est Greta Thunberg qui nous la pose, une jeune de 15 ans, qui nous invite à œuvrer en faveur de « la justice climatique » et d’une « planète vivante », suivie en cela par d’autres jeunes de plus en plus nombreux.
Notre enfant-citoyen, ce sera donc celui à qui nous proposerons une éducation et des conditions de vie respectueuses de sa nature et de la nature qui nous environne, cette nature qui nous contient, que nous habitons et qui nous habite. Enfant citoyen dès le berceau, parce que nous veillerons non seulement à ne pas nuire à sa santé, en nous informant, en rationalisant la consommation, en sélectionnant des produits non polluants, en proposant une alimentation saine, mais aussi parce que nous militerons pour un monde plus clairvoyant, plus juste, et développerons par l’éducation et au quotidien le lien naturel qu’il est apte à entretenir avec la nature. Il s’agit d’ouvrir aux enfants des champs d’action qui leur permettront de mieux connaitre le monde qui les entoure et d’y vivre des expériences heureuses.
Partageant ainsi les grands objectifs des différentes institutions ou organisations soucieuses d’assurer la protection et la promotion des droits de l’enfant, nous affirmons que, dès son plus jeune âge, l’enfant peut et doit être considéré comme un citoyen de droit – acteur majeur du développement durable, parce que nous sommes responsables de la qualité de cet avenir qui lui appartient en priorité.
1.2 Enfant dans un réseau d’adultes responsables et citoyens
L’enfant vit dans une société dont il est dépendant et tout adulte est responsable de lui. Ses parents sont responsables au premier titre et les autres adultes, les professionnel.le.s de la petite enfance y compris, sont responsables par délégation. L’enfant n’appartient à personne, si ce n’est à lui-même. Pour que l’enfant vive une enfance heureuse, la place des parents est essentielle dans sa vie et dans la société.
Aussi, nous pensons qu’il est nécessaire que la société reconnaisse les compétences des parents au quotidien. Ils sont des acteurs, source de savoirs et de savoir-faire complémentaires à ceux des autres acteurs de la société. Reconnaitre leurs compétences, c’est comprendre qu’il est plus important, pour le bien-être de l’enfant, de faire avec les parents plutôt que de faire pour eux. C’est dans cette dynamique que l’Académie de la Petite Enfance s’inscrit.
Aussi, pour nous, il s’agit de reconsidérer la place de la famille et de rééquilibrer la relation dissymétrique, instaurée depuis des décennies entre les parents et les institutions, en légitimant leur place dans la société et en faisant évoluer les regards : des parents vers les institutions – des institutions vers les parents.
Pour ce faire, s’inscrire dans le croisement des savoirs est une des voies que nous soutenons avec force. Pour l’Académie de la Petite Enfance, il s’agit, en effet, de valoriser les potentialités des parents et ce quelles que soient les familles, les pratiques et les cultures familiales, afin qu’ils s’investissent en tant qu’acteurs de projets avec de réelles responsabilités.
Loin d’opposer les savoirs des parents, les savoirs des institutions, les savoirs scientifiques, il s’agit de construire ensemble des partenariats et de faire valoir à égalité la capacité d’expression et d’action de chaque membre-partie prenante.
Si on se réfère à ce proverbe africain « C’est tout un village qui élève un enfant », la co-éducation ne doit pas être un vain mot et chacun a une part de responsabilité dans la vie des enfants.
Aussi, à l’heure, où la société s’individualise de plus en plus et perd le lien avec la nature, il est nécessaire de prendre le contre-pied et de tirer la sonnette d’alarme. Apprendre à vivre ensemble et en harmonie avec l’environnement redevient un impératif pour chacun. Collaborer, entreprendre ensemble, s’écouter, partager sont une nécessité vitale autant pour l’enfant que pour la famille et la communauté.
Les politiques publiques à tous les niveaux doivent s’engager à être au service des individus et, par le biais d’actions de proximité, donner aux familles l’opportunité d’un apprentissage permanent, d’échanger, de partager, de collaborer et, au final, enrichir leur vie.
1.3 Les contraintes actuelles vécues par les familles
Au cours des dix dernières années le contexte démographique et l’exercice de la parentalité ont changé en Europe. L’offre d’accueil et la prise en charge des enfants ont évolué. Elles se sont de plus en plus marchandisées. Les attentes de beaucoup de parents étant insatisfaites, ceux-ci sont devenus des promoteurs pour que se créent des structures répondant à leurs attentes.
La mobilisation des parents. Dans ce contexte, l’engagement citoyen des parents a pris de nouvelles formes. En Europe,si les contraintes matérielles prédominent, d’autres facteurs prennent de l’ampleur. Avec les professionnel.le.s de la Petite enfance, les parents, deviennent des lanceurs d’alerte. Ils s’engagent à plusieurs niveaux :
– en créant des lieux d’accueil répondant à des enjeux éducatifs et de bien-être où le développement de l’enfant repose sur la bienveillance, l’ouverture au monde, des conditions de vie saines : nourriture, cadre de vie.
– en lançant des actions d’ampleur. Toutcomme Sabine Grataloup, mère d’un garçon de 10 ans né avec de graves malformations, qui a porté plainte contre les fabricants d’herbicides à base de glyphosate, de nombreux parents s’engagent pour dénoncer les atteintes à la santé de leurs enfants. Le tribunal Monsanto, en 2016-2017, à La Haye, a reconnu que la rupture avec la nature a des conséquences graves sur la santé des enfants et l’avenir de la planète.
La prise en charge de l’éducation
Ce mouvement se développe aussi sous la forme de nombreux réseaux citoyens en faveur d’une éducation bienveillante. Le renouveau des pédagogies centrées sur l’écoute e l’enfant, l’éducation démocratique et le lien avec la nature est le signe de cet intérêt croissant pour l’avenir du tout-petit. Ce mouvement concerne aussi la formation des professionnel.le.s qui est de plus en plus prise en charge par ces réseaux. Une demande de reconnaissance de ces pratiques alternatives d’éducation a été déposée au niveau européen.
Du local au global
Ce mouvement de mobilisation des parents se heurte non seulement à l’obstacle d’intérêts financiers considérables, mais aussi au statut de minorité de l’enfant, sujet de droit, certes, mais dans l’incapacité juridique et citoyenne de se défendre.
Les parents et les professionnel.le.s sont en première ligne pour défendre les droits de l’enfant. Jusqu’à récemment, la contribution des parents était limitée à un accompagnement éducatif. Leur implication dans les espaces de vie des enfants était restreinte à l’environnement proche. La dimension globale prend maintenant de l’ampleur.
L’enjeu est de taille : comment faire entendre l’intérêt des enfants avant 6 ans dans ce contexte ? L’accès aux droits reste en deçà des possibilités s’il reste cantonné à une sphère administrative et réglementaire.
Dans beaucoup de domaines, l’enfant est juridiquement dépendant des parents et des adultes-relais (professionnels de la petite enfance, pédiatres, magistrats…). Du fait de sa minorité, il n’a pas la capacité d’agir. Qui va défendre l’intérêt de l’enfant ? Les droits des enfants n’ont de sens que si les parents sont des acteurs de Droit, notamment les plus vulnérables (familles monoparentales, personnes migrantes, familles en grande précarité). L’accès au(x) droit(s) des parents devient de ce fait une priorité. Le développement harmonieux de l’enfant va dépendre directement de cette capacité à mobiliser autour et pour lui un accompagnement médical, social et éducatif de qualité.
Face à la croissance de la pauvreté et des inégalités sociales, les familles en grande précarité sociale et les familles migrantes et réfugiées doivent être une priorité dans les politiques européennes.
Chapitre II – Agir
2.1 Partage des savoirs au sein d’un laboratoire d’idées
L’Académie de la Petite Enfance est née en 2015, à l’initiative des « Diaconesses de Strasbourg » et du « FURET », association qui œuvre à la promotion de la diversité et de l’égalité des chances dès la petite enfance, en partenariat avec deux écoles d’éducateurs de jeunes enfants à Strasbourg et à Mulhouse.
L’Académie de la Petite Enfance est un laboratoire d’idées réunissant des citoyens et des professionnels ayant à cœur de promouvoir un environnement et une éducation de qualité pour les enfants de 0 à 6 ans. Elle s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire en rassemblant éducateurs, pédagogues, gestionnaires de structures, pédiatres, psychomotriciens, orthophonistes, artistes, théologiens, philosophes, parents, élus politiques et militants.
Notre préoccupation concerne le bien-être et les droits de la jeunesse d’aujourd’hui, qui constituera l’humanité de demain. Grandir en humanité est notre lutte, vivre avec l’enfant l’avenir de la planète, notre slogan !
Des textes de lois existent, des études émergent, qui interpellent et nous appellent à réagir :
1. En exigeant le respect des Droits de l’enfant : Le droit international indique, à travers les conventions et les accords internationaux, l’obligation de veiller et d’œuvrer pour le bien-être de l’enfant, notamment en préservant son environnement.
2. En attirant l’attention sur l’urgence de réagir contre les atteintes à la santé des enfants. De nombreuses recherches démontrent une croissance des maladies endocriniennes directement liées aux polluants, telles que l’asthme et les allergies toujours plus fréquentes chez les jeunes enfants. Plusieurs rapports constatent une croissance inquiétante de l’obésité chez les très jeunes enfants, liée à un manque d’activité physique et à une alimentation déséquilibrée.
3. En restaurant le lien entre la nature, l’environnement et la petite enfance dès le premier âge, afin d’assurer le développement harmonieux et le bien-être des enfants. Pour cela, nous avons besoin de partager nos expériences et nos pratiques.
4. En décloisonnant le thème du développement durable. Le développement durable et la Petite enfance représentent un enjeu majeur pour notre planète et pour l’humanité. Il faut les aborder et les traiter dans toute la complexité de leurs interrelations. Les évènements organisés par l’Académie sont un vecteur de ce décloisonnement renforcé par le lien avec les acteurs du terrain.
L’Académie de la Petite Enfance s’appuie sur 2 organismes de formation, établissements d’enseignement supérieur, spécialisés dans les champs de l’éducation et de la famille, l’EDIAC formations à Strasbourg et L’école supérieure de Praxis social à Mulhouse. Avec des chercheurs, des étudiants motivés et un réseau professionnel bien constitué, ces 2 écoles mènent des travaux de recherche-action autour des thématiques chères à l’Académie. Ces recherches-actions permettent de croiser les expériences, de faire émerger des pratiques, de fournir un champ d’expérimentation, de créer un espace de travail sur les représentations et d’assurer un relai de communication.
Autre membre co-fondateur, l’association Le Furet se consacre, depuis 20 ans, à la promotion de l’égalité des chances dès la petite enfance. Elle travaille pour et avec les professionnel.le.s de la petite enfance autour des questions de pédagogie, de santé, d’égalité, de bientraitance. La revue « Le Furet », d’audience nationale et européenne, est publiée chaque trimestre à leur intention. Le Furet ouvre ses pages à l’Académie de la Petite enfance pour qu’elle s’exprime et qu’elle témoigne des actions menées.
L’Académie travaille en réseau avec une trentaine d’associations actives sur les questions de développement durable et petite enfance.
Par la qualité de leurs expériences, expertises et engagements professionnels ou militants, les membres et partenaires de l’Académie sont les garants des travaux relevant de leurs domaines respectifs : petite enfance, développement durable, politiques publiques, éducation
2.2 Agir dans 7 domaines
À l’Académie de la Petite Enfance de Strasbourg, un groupe de citoyens, d’éducateurs et d’ONG de protection de l’enfance se sont réunis pour placer le sujet de la petite enfance à tous les niveaux du débat public, en reliant directement le bien-être des enfants à la qualité de l’environnement. Nous sommes convaincus que la question du développement durable ne peut être traitée efficacement que si tous les acteurs impliqués, au niveau local, régional, national et européen travaillent ensemble.
Il est donc urgent d’étudier, ensemble et de façon pragmatique, 7 domaines en rapport avec l’enfant :
La santé
Nous savons que la présence croissante de perturbateurs endocriniens dans notre environnement ainsi que le manque d’activités physiques menacent la santé des enfants.
L’alimentation
La provenance, la préparation et la présentation de l’alimentation pendant les premières années de l’enfant impactent d’une manière importante ses choix futurs.
La nature
Le jeu libre à l’extérieur, l’exploration de l’environnement naturel et le contact direct et régulier avec la nature sont essentiels au développement cognitif et affectif de l’enfant.
Les écrans
La surexposition aux écrans des plus petits met en danger leur développement cognitif, moteur et social.
La culture
Chez un enfant, la pratique de la création et le contact avec la culture, dès le premier âge contribuent à la compréhension du monde et au désir de devenir acteur du développement durable.
L’urbanisation
Les enfants ont besoin d’espaces naturels pour grandir et se développer. La bétonisation croissante des espaces dans les villes va à l’encontre de leurs besoins.
L’égalité
Le développement durable de l’humanité ne peut se faire dans des sociétés où les inégalités, présentes dès la naissance, se creuseraient.
Notre volonté est de questionner les pratiques, soutenir et valoriser les initiatives, susciter des politiques appropriées et placer parents et enfants au cœur des politiques publiques
CHAPITRE III – Nos propositions pour l’Europe
L’Académie de la Petite Enfance réfléchit et agit du local au global pour que la question du développement durable soit prise en compte dès les premiers âges de la vie et dans toutes les instances de gouvernance, notamment :
Le Parlement européen et la Commission européenne.
Le Conseil de l’Europe dans le cadre de la stratégie pour les droits de l’enfant.
Le Réseau européen des Défenseurs des droits des enfants (ENOC.
Les collectivités locales et régionales.
Le réseau ENOC Européen Network of Ombudspersons for Children.
Réseau européen des médiateurs pour les enfants
Dans son rapport, « De la naissance à 6 ans : au commencement des droits » de 2018 le Défenseur des Droits de la France a formulé 26 recommandations visant à inspirer «….les pouvoirs publics pour qu’ils prennent soin des très jeunes enfants, favorisant le développement de leurs capacités et compétences et les prennent en considération en tant qu’acteurs et sujets de droits au sein de la société » selon les termes de l’éditorial du rapport signés par Jacques Toubon Défenseur des Droits et Geneviève Avenard Défenseure des enfants, Adjointe du Défenseur des Droits.
Cependant aucune des recommandations n’évoque les questions de développement durable. Il nous semble important de suggérer que cela devienne un sujet de travail commun des Défenseurs des enfants à l’échelle européenne dans les 7 domaines précédemment mentionnés.
Le Conseil de l’Europe
Le Conseil de l’Europe a établi pour la période 2016-2021 une stratégie pour les droits de l’enfant à partir de l’identification de 7 obstacles actuels et futurs aux droits de l’enfant : la pauvreté, la violence, le système judiciaire pensé pour les adultes, les difficultés familiales et parentales, le racisme et les discours de haine et la radicalisation, les enjeux du numérique, les migrations.
La stratégie a ainsi été construite autour de 5 priorités : l’égalité des chances, la participation, une vie sans violence, une justice adaptée, les droits dans l’environnement numérique ; et ceci pour tous les enfants
Aucun focus n’a été mis en particulier sur la période charnière que constituent les premiers âges de la vie en rapport avec le développement durable.
Nous proposons que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le Secrétariat général et le regroupement des ONG soient attentifs à cet enjeu fondamental, pour que celui-ci figure en bonne place parmi les priorités des années à venir et donne lieu à la constitution de groupes de travail ad-hoc.
L’Union européenne
Au plan européen les questions de petite enfance sont abordées au sein d’un intergroupe émanant de membres du Parlement européen.
La Commission européenne a conduit des travaux qui portent essentiellement sur la qualité des modes d’accueil de la petite enfance. Dans ce cadre, la création d’un groupe thématique est envisagée pour contribuer à soutenir l’action des Etats membres en faveur de la qualité des systèmes d’éducation et d’accueil de la petite enfance en accordant des moyens financiers à la conduite de projets.
Nous proposons que les élus, membres du Parlement européen à l’issue des élections du 26 mai 2019, portent la proposition de création d’un deuxième groupe thématique pour promouvoir l’articulation des questions de développement durable et de tous les modes d’action dans le champ de la petite enfance. Des soutiens financiers devraient également être prévus pour susciter des projets pilotes.
Penser à un niveau local, national et international, le concept d’un pays éducateur et d’une Europe éducatrice pourrait apporter, à chaque individu, un autre regard sur la famille et sur l’enfance, différent de celui du soutien et plus proche de celui d’acteur de sa vie qui se prend en charge et participe à la vie de la société.
L’Académie de la Petite Enfance s’inscrit avec enthousiasme et conviction dans ce partage de territoires, de savoirs et de savoir-faire. C’est dans ce cadre qu’accompagnés de personnes responsables renforcées dans leur légitimité les enfants pourront expérimenter la citoyenneté.
Pour l’Académie de la Petite Enfance
Maryvonne LYAZID – Présidente
Didier ERNST
Daniel SPECKEL
Richard SANCHO ANDREO
Francine HAUWELLE
Marie-Françoise IWANIUKOWICZ
Edith ZILLHARDT
Marie Nicole RUBIO
Gillian CANTE
Oliver SARRAZIN
Audrey SANCHEZ
Marie José HIRTZ
Chantal MAZAEFF
Mohamed TALEB
Relations presse
Gillian CANTE, citoyenne, chargée du développement durable et de la petite enfance à l’Académie de la Petite Enfance
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Auteur
Académie de la petite enfance
Contibution pour le rapport des 1000 premiers jours (décembre 2019)
Contibution pour le rapport des 1000 premiers jours (décembre 2019)
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
Les enfants ont besoin de nature pour grandir, dès les 1000 premiers jours de leur vie
Par Gillian Cante et Moïna Fauchier Delavigne
On sait déjà tous aujourd’hui que les enfants sont beaucoup trop sédentaires. C’est un problème majeur de santé publique. On sait aussi que la nutrition, le sommeil, l’activité physique et l’attachement sont essentiels pour la santé, dès les 1000 premiers jours.
Il est donc dorénavant recommandé d’éviter les écrans avant 3 ans. Mais le jeu dehors pourrait aussi représenter un antidote à la vie trop sédentaire des enfants et leur offrir aussi l’espace, le calme et les possibilités de découverte, de prise de risque et d’émerveillement dont ils ont besoin.
En France, nous sommes au début d’une prise de conscience. Pour la première fois, le rapport de Sylviane Giampino17 mentionne spécifiquement le besoin de nature pour les enfants. Ce besoin est ensuite reconnu officiellement au niveau national, dans un guide ministériel18. On peut ainsi lire, en 6e position parmi les “Dix principes pour grandir en confiance" en annexe : "le contact réel avec la Nature est essentiel à mon développement". Mais il est peu développé : il apparaît sur une ligne en 110 pages et aucune recommandation n’est faite sur la nécessité de sorties fréquentes et régulières en plein air. Ni sur les moyens pour les encourager.
En Finlande par exemple, dans le curriculum national de 2018 pour les 0 à 6 ans, un chapitre sur cinq est consacré à l’importance d’explorer et interagir avec son environnement, notamment par des sorties régulières et le jeu libre à l’extérieur. Dans tout le pays, les petits passent plusieurs heures dehors tous les jours, dans des espaces riches en nature.
Que pendant leurs 1000 premiers jours, TOUS les enfants puissent sortir quotidiennement et bénéficier d’un endroit riche en nature. Quel que soit le mode d’accueil, le lieu de vie et les moyens des parents.
Il faut aussi faciliter la mise en lien entre professionnels de petite enfance et associations d’éducation par la nature et leurs animateurs nature : ces derniers pouvant être des soutiens utiles pour encourager les professionnels et leur permettre de s’approprier quelques connaissances de la faune et la flore.
Pour se préparer et se déchausser, un vaste vestiaire est nécessaire.
La qualité de l’espace extérieur des EAJE devrait être pris en compte, notamment pour les agréments d’ouverture.
Du côté des parcs et espaces verts, en plus d’aménager, il faut aussi améliorer leur accessibilité et les faire connaître des professionnels et familles.
2. “An Investigation of the Status of Outdoor Play”, Contemporary Issues in Early Childhood, n° 5,2004, p. 68‑80. Rhonda Clements du Manhattanville College de New York.
3. Au Québec, les 3‑5 ans avaient en 2012 douze minutes d’activité libre par jour alors que lesrecommandations nationales se situent entre deux et trois heure. Claude Douglas et Mathieu Point(2012) “Portrait du développement moteur et de l’activité physique au Québec chez les enfants de 0 à 9 ans”.
4. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019 . p. 21- 38.
5. “Cultiver l’émerveillement et la curiosité naturelle de nos enfants”. Ed. Eyrolles. 2019. p. 41.
6. “Activités physiques et usage des écrans à l’âge de 2 ans chez les enfants de la cohorte Elfe“, à la demande de la Direction Générale de la santé. Décembre 2018
7. Selon une étude Ipsos réalisée pour la chaîne Gulli.
8. Christakis, D.A. (2010) “Infant media viewing : first do no harm”. Pediatrics annals, vol 39, n9, p. 578-582.
9. Baranowski T, Thompson WO, DuRant RH, Baranowski J, Puhl J. “Observations on physical activity in physical locations: Age, gender, ethnicity, and month effects”. Research Quarterly for Exercise and Sport. 1993; 64(2): p. 127–133.
10. La pratique de jeux en plein air chez les enfants de 3 à 10 ans dans l’Étude nationale nutrition santé”, rapport publié en 2015 par l’Institut de veille sanitaire .
11. Décret n°2015-1926. La surveillance devait être achevée pour le 1er janvier 2018 pour les
établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans, les écoles maternelles et les écoles élémentaires. Et peu à peu d’ici le 1/1/2023 pour les autres établissements.
12. Le formaldéhyde, le benzène et le dioxyde de carbone.
13. Kuo M., Barnes M., et al “Do experiences With Nature Promote Learning ? Converging evidence of a Cause-And-Effect relationship”. Frontiers in Psychology, février 2019.
14. Otte, Bolling et al. “Education outside the classroom increases children’s reading performance: Results from a one-year quasi-experimental study”. International Journal of Education Research,janvier 2018.
15. White & Stoecklin, 1998, cité dans Paul Tranter & Karen Malone, “Geographies of Environmental Learning: An Exploration of Children’s Use of School Grounds”, Children’s Geographies, février 2004.
16. Andrea Faber Taylor et Frances Kuo (2011). “Could Exposure to Everyday Green Spaces Help
Treat ADHD? Evidence from Childrens’ lay Settings”, Applied Psychology: Health and Well-Being, 411.
17. Rapport remis à Laurence Rossignol, Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, “Développement du jeune enfant, Modes d’accueil, Formations des professionnels”, 9 mai 2016.
18. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”, avril 2017
19. Contrairement à la France, dans une majorité de pays, il n’y a pas rupture entre la naissance et les 6 ans de l’enfant.
20. Après La Bicyclette, une deuxième crèche similaire vient d’ouvrir à Genève en 2019.
21. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019. p. 116-121.
22. La crèche parentale a été fondée par un parent Gillian Cante. Elle est l’actuelle présidente du Furet et membre de l’Académie de la Petite Enfance.
23. Voir la vidéo de présentation http://www.givingtree.fr/fr/visitez/
24. L’Ediac formations, à Strasbourg et le centre de formation Praxis, à Mulhouse.
25. Selon les successives enquêtes PISA, l’école française reste l’une des plus inégalitaire du monde. La France reste l’un des pays où le statut socio-économique d’un élève a le plus d’impact sur sa destinée scolaire.
26. Un court énoncé de position, très bien documenté, résume l’intérêt du jeu actif à l’extérieur, en prenant en compte les risques associés. Publié récemment au Canada, il est disponible en ligne https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/Gscdepot/mooc002/44/mooc002_44_a00.pdf
27. Notamment le collectif “Eduquer à la nature” en Normandie, l’Académie de la Petite Enfance(Alsace), le RPPN, Eveil et Nature, Ecolo-crèche et Agapi.
28. Les établissement d’accueil de jeunes enfants.
29. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”. Avril 2017. p.38.
30. Voir notamment la théorie des pièces détachées de Simon Nicholson (1971) selon laquelle jouer dans un environnement complexe, avec des matériaux variés permet de développer les jeux, notamment imaginaires, et la créativité. Sa théorie a été reprise par de nombreux paysagistes et experts du jeu dans le monde.
Il est donc dorénavant recommandé d’éviter les écrans avant 3 ans. Mais le jeu dehors pourrait aussi représenter un antidote à la vie trop sédentaire des enfants et leur offrir aussi l’espace, le calme et les possibilités de découverte, de prise de risque et d’émerveillement dont ils ont besoin.
L’IMPORTANCE DU LIEN AVEC LA NATURE SUR NOTRE SANTÉ EST PROUVÉ
En plus de la question sanitaire, il s’agit aussi de mieux connaître le développement des plus jeunes pour mieux l’accompagner. Les études s’accumulent par centaines depuis plusieurs décennies sur l’impact de l’environnement naturel sur notre santé. Selon un corpus d’études croissant, le jeu en extérieur et en pleine nature est aussi bénéfique pour le développement émotionnel et social des enfants et leurs compétences cognitives. Notamment leurs capacités de concentration, de coopération, leur créativité13, et leur réussite scolaire14.En France, nous sommes au début d’une prise de conscience. Pour la première fois, le rapport de Sylviane Giampino17 mentionne spécifiquement le besoin de nature pour les enfants. Ce besoin est ensuite reconnu officiellement au niveau national, dans un guide ministériel18. On peut ainsi lire, en 6e position parmi les “Dix principes pour grandir en confiance" en annexe : "le contact réel avec la Nature est essentiel à mon développement". Mais il est peu développé : il apparaît sur une ligne en 110 pages et aucune recommandation n’est faite sur la nécessité de sorties fréquentes et régulières en plein air. Ni sur les moyens pour les encourager.
AILLEURS, LE CONTACT AVEC LA NATURE, JUGÉ ESSENTIEL AU DÉVELOPPEMENT
De nombreux autres pays intègrent déjà, et dans certains cas depuis longtemps, l’importance du lien de la nature et son rôle dans le développement de l’enfant dès sa naissance. Des politiques sont adoptées pour favoriser le temps dehors dans les lieux plus adaptés et faire évoluer la posture des professionnels de la petite enfance.En Finlande par exemple, dans le curriculum national de 2018 pour les 0 à 6 ans, un chapitre sur cinq est consacré à l’importance d’explorer et interagir avec son environnement, notamment par des sorties régulières et le jeu libre à l’extérieur. Dans tout le pays, les petits passent plusieurs heures dehors tous les jours, dans des espaces riches en nature.
LES DÉBUTS EN FRANCE
En France, les projets commencent à émerger. Depuis 2008, Ecolo-crèche accompagne plus de 400 crèches dans un questionnement sur la qualité des produits et pratiques, à l’intérieur. Ils ont depuis évolué et recommandent dorénavant de permettre des expériences de nature quotidiennes.CINQ RECOMMANDATIONS
Il reste exceptionnel d’offrir aux jeunes enfants un contact régulier avec la nature et malgré l’accumulation des études qui prouvent son importance, les pratiques au niveau national ont peu bougé. De plus, les rares initiatives restent en général cantonnées aux structures privées.Que pendant leurs 1000 premiers jours, TOUS les enfants puissent sortir quotidiennement et bénéficier d’un endroit riche en nature. Quel que soit le mode d’accueil, le lieu de vie et les moyens des parents.
1 - Sensibiliser au besoin de nature
Le besoin de nature encore largement méconnu en France, il faut communiquer pour permettre une prise de conscience. Il faut toucher en priorité les parents, les PMI et les professionnels de la petite enfance et de la santé. Il faut que des ministères aux parents (en passant notamment par les pédiatres, les sages-femmes et les assistantes maternelles), chacun comprenne en quoi ce besoin de nature est essentiel pour notre santé, et dès la naissance. L’accès quotidien à la nature doit être pris en compte comme une question de santé publique.2 - Former les professionnels et futurs professionnels de la petite enfance
Il faut inclure, en formation initiale, la notion du lien indispensable entre l’enfant et la nature et que de sortir et d’explorer son environnement est essentiel au développement de l’enfant. Il faut aussi multiplier les offres de formation continue. Il s’agit notamment d’identifier les freins de ces professionnels pour leur donner des outils pour mettre en place des pratiques dehors. Car ce sont eux qui jouent un rôle clef par leur travail et leur posture pendant ces premières années.Il faut aussi faciliter la mise en lien entre professionnels de petite enfance et associations d’éducation par la nature et leurs animateurs nature : ces derniers pouvant être des soutiens utiles pour encourager les professionnels et leur permettre de s’approprier quelques connaissances de la faune et la flore.
3 - Habiller les petits pour pouvoir sortir par tous les temps
“Il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais vêtements”. Pour sortir toute l’année, chaque enfant doit être habillé pour être protéger du froid, de l’humidité ou du soleil : bottes, pantalons et blousons imperméables, bonnets ou chapeaux, etc.Pour se préparer et se déchausser, un vaste vestiaire est nécessaire.
4 - Aménager des espaces riches en nature pour les enfants
Les endroits où jouent les jeunes enfants - que ce soit ceux attenants aux EAJE28 (quand ils existent) ou les espaces verts dans les collectivités - sont en général très artificialisés et offrent peu de contact avec la nature.La qualité de l’espace extérieur des EAJE devrait être pris en compte, notamment pour les agréments d’ouverture.
Du côté des parcs et espaces verts, en plus d’aménager, il faut aussi améliorer leur accessibilité et les faire connaître des professionnels et familles.
5 - Développer la recherche
Des études sont menées en France depuis quelques années sur la protection de la santé en petite enfance mais elles restent surtout cantonnés aux facteurs négatifs et la façon de les limiter : perturbateurs endocriniens et qualité de l’air notamment.2. “An Investigation of the Status of Outdoor Play”, Contemporary Issues in Early Childhood, n° 5,2004, p. 68‑80. Rhonda Clements du Manhattanville College de New York.
3. Au Québec, les 3‑5 ans avaient en 2012 douze minutes d’activité libre par jour alors que lesrecommandations nationales se situent entre deux et trois heure. Claude Douglas et Mathieu Point(2012) “Portrait du développement moteur et de l’activité physique au Québec chez les enfants de 0 à 9 ans”.
4. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019 . p. 21- 38.
5. “Cultiver l’émerveillement et la curiosité naturelle de nos enfants”. Ed. Eyrolles. 2019. p. 41.
6. “Activités physiques et usage des écrans à l’âge de 2 ans chez les enfants de la cohorte Elfe“, à la demande de la Direction Générale de la santé. Décembre 2018
7. Selon une étude Ipsos réalisée pour la chaîne Gulli.
8. Christakis, D.A. (2010) “Infant media viewing : first do no harm”. Pediatrics annals, vol 39, n9, p. 578-582.
9. Baranowski T, Thompson WO, DuRant RH, Baranowski J, Puhl J. “Observations on physical activity in physical locations: Age, gender, ethnicity, and month effects”. Research Quarterly for Exercise and Sport. 1993; 64(2): p. 127–133.
10. La pratique de jeux en plein air chez les enfants de 3 à 10 ans dans l’Étude nationale nutrition santé”, rapport publié en 2015 par l’Institut de veille sanitaire .
11. Décret n°2015-1926. La surveillance devait être achevée pour le 1er janvier 2018 pour les
établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans, les écoles maternelles et les écoles élémentaires. Et peu à peu d’ici le 1/1/2023 pour les autres établissements.
12. Le formaldéhyde, le benzène et le dioxyde de carbone.
13. Kuo M., Barnes M., et al “Do experiences With Nature Promote Learning ? Converging evidence of a Cause-And-Effect relationship”. Frontiers in Psychology, février 2019.
14. Otte, Bolling et al. “Education outside the classroom increases children’s reading performance: Results from a one-year quasi-experimental study”. International Journal of Education Research,janvier 2018.
15. White & Stoecklin, 1998, cité dans Paul Tranter & Karen Malone, “Geographies of Environmental Learning: An Exploration of Children’s Use of School Grounds”, Children’s Geographies, février 2004.
16. Andrea Faber Taylor et Frances Kuo (2011). “Could Exposure to Everyday Green Spaces Help
Treat ADHD? Evidence from Childrens’ lay Settings”, Applied Psychology: Health and Well-Being, 411.
17. Rapport remis à Laurence Rossignol, Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, “Développement du jeune enfant, Modes d’accueil, Formations des professionnels”, 9 mai 2016.
18. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”, avril 2017
19. Contrairement à la France, dans une majorité de pays, il n’y a pas rupture entre la naissance et les 6 ans de l’enfant.
20. Après La Bicyclette, une deuxième crèche similaire vient d’ouvrir à Genève en 2019.
21. Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier Delavigne. “L’enfant dans la nature - Pour une révolution verte de l’éducation”. Ed. Fayard. 2019. p. 116-121.
22. La crèche parentale a été fondée par un parent Gillian Cante. Elle est l’actuelle présidente du Furet et membre de l’Académie de la Petite Enfance.
23. Voir la vidéo de présentation http://www.givingtree.fr/fr/visitez/
24. L’Ediac formations, à Strasbourg et le centre de formation Praxis, à Mulhouse.
25. Selon les successives enquêtes PISA, l’école française reste l’une des plus inégalitaire du monde. La France reste l’un des pays où le statut socio-économique d’un élève a le plus d’impact sur sa destinée scolaire.
26. Un court énoncé de position, très bien documenté, résume l’intérêt du jeu actif à l’extérieur, en prenant en compte les risques associés. Publié récemment au Canada, il est disponible en ligne https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/Gscdepot/mooc002/44/mooc002_44_a00.pdf
27. Notamment le collectif “Eduquer à la nature” en Normandie, l’Académie de la Petite Enfance(Alsace), le RPPN, Eveil et Nature, Ecolo-crèche et Agapi.
28. Les établissement d’accueil de jeunes enfants.
29. “Les établissements d’accueil du jeune enfant, à l’intention des services de la protection maternelle et infantile”. Avril 2017. p.38.
30. Voir notamment la théorie des pièces détachées de Simon Nicholson (1971) selon laquelle jouer dans un environnement complexe, avec des matériaux variés permet de développer les jeux, notamment imaginaires, et la créativité. Sa théorie a été reprise par de nombreux paysagistes et experts du jeu dans le monde.
Auteur
Par Gillian Cante et Moïna Fauchier Delavigne
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Tribune Expérience de nature parue dans le Monde le 13 juin 2022
Tribune Expérience de nature parue dans le Monde le 13 juin 2022
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
Nous avons besoin de politiques ambitieuses pour permettre à chacun de vivre
des expériences de nature dès le plus jeune âge
En changeant notre modèle anthropocentrique par une prise de
conscience « écocentrique », nous dessinerons un monde en meilleure
santé, où l’être humain fait partie intégrante de la nature qui l’entoure,
expliquent les membres du collectif Tous dehors. Seule une approche
systémique permettra le développement d’un lien humain-nature.
Amélie de Montchalin, ministre de la transition écologique et de la cohésion
des territoires, a récemment appelé à la « mobilisation générale de tous les
Français » pour faire « de l’écologie notre projet national ».
Mais comment faire, quand ce phénomène silencieux s’installe dans nos sociétés
: l’amnésie environnementale – selon les termes du psychologue américain
Peter H. Kahn. Nous nous habituons, au fil des générations, à la dégradation de
notre environnement, glissant vers l’indifférence. Pourtant, les constats sont
alarmants : réchauffement climatique, sixième extinction de masse… Pourquoi
cette inaction ?
L’obésité, premier symptôme
Les premières victimes sont sans doute les enfants. Toutes les conditions sont
réunies pour les éloigner de la nature : programmes télé en continu, tablettes,
smartphones, mais aussi urbanisation croissante, confinements, réseaux de
transports inadaptés… Toute cette situation est aussi nocive pour leur santé
que pour leur avenir !
Pour nos enfants, pour notre planète, il y a désormais urgence. Pour beaucoup,
la proximité avec la nature est devenue un luxe ! Le nouveau secrétariat général
à la planification écologique doit non seulement faire le lien entre les stratégies
nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie
circulaire, mais aussi de santé et d’éducation. L’écologie ce n’est pas uniquement
gérer les externalités négatives, c’est aussi permettre à tous les Français
de bénéficier des bienfaits qu’un environnement naturel vivant et sain
peut leur apporter.
Les êtres humains, et en particulier les enfants, sont plus épanouis et heureux,
en meilleure santé physique et mentale, quand ils sont régulièrement au
contact de la nature : ce phénomène se nomme la « biophilie ». Les enfants
sont plus avancés en termes psychomoteurs et neurovisuels, plus apaisés, plus
coopératifs, plus réceptifs aux apprentissages et moins susceptibles de développer,
en tant qu’adultes, des comportements addictifs ou violents.
La reconnexion à la nature développe la sensibilité vis-à-vis de l’environnement
et l’envie de le protéger, favorisant les comportements pro-sociaux et
écologiques. A contrario, l’éloignement progressif de la nature induit chez les
enfants le syndrome du « manque de nature » qui regroupe plusieurs maux.
La santé mentale affectée
De nombreuses études ont montré les impacts négatifs du manque d’exercice
et de l’éloignement de la nature. Et la sédentarité infantile s’est nettement aggravée
depuis le début de la crise sanitaire : d’après une étude menée dans le
département du Val-de-Marne, 9 % des enfants étaient en surpoids, et 3 % en
situation d’obésité avant la crise sanitaire ; ces chiffres ont augmenté respectivement
de + 2,6 % et + 1,8 % après la crise sanitaire.
Autre impact négatif d’un éloignement de la nature, une plus grande exposition
à l’air intérieur, cinq fois plus pollué que l’air extérieur. La santé mentale
est elle aussi affectée. Selon Santé publique France (SPF), il y a eu une augmentation
de 27 % de passages aux urgences pour tentative de suicide début
2022, par rapport à la même période en 2021.
S’intéresser à notre condition humaine et à celle de notre société exige donc
de manière inexorable de se reconnecter au vivant. Il est plus que jamais nécessaire
de sensibiliser largement sur notre lien indissociable et positif avec la
nature, et ce dès le plus jeune âge.
Pour autant, il est trop facile de culpabiliser les parents. Nous n’avons pas tous
la chance de pouvoir habiter à la campagne, d’avoir un jardin, de passer nos
vacances dans des lieux préservés… Vivre en proximité avec la nature doit être
un droit fondamental pour tous les enfants de la République, et c’est au politique
de prendre ses responsabilités ! Nous avons besoin de politiques ambitieuses
et immédiates, pour permettre à chacun de vivre des expériences de
nature, régulières et variées, dès le plus jeune âge et jusqu’à l’âge adulte.
Penser l’aménagement
En changeant notre modèle anthropocentrique par une prise de conscience
« écocentrique », nous dessinerons un monde en meilleure santé, où l’être humain
fait partie intégrante de la nature qui l’entoure.
Toutes les politiques publiques doivent impérativement se saisir de l’urgence :
il ne suffit pas de dire aux parents de faire sortir leurs enfants quelques heures
par jour ou de les mettre au sport, le problème est plus profond !
Nous considérons que seule une approche systémique permettra le développement
d’un lien humain-nature. En matière d’urbanisme, il faut concevoir
l’aménagement en fonction des enjeux d’accès aux espaces verts, comme le
préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et penser au développement
de la biodiversité.
En matière d’éducation, les programmes scolaires doivent légitimer les expériences
de nature, et l’éducation nationale donner les moyens de leur application.
Une formation initiale et continue des enseignants, visant à les mettre en
capacité d’intégrer le contact avec la nature dans leurs projets pédagogiques,
doit être mise en place.
Des protocoles de thérapie
Mais il faut également prévoir la renaturation des lieux d’éducation pour
en faire des lieux accueillant un maximum de biodiversité. Et mobiliser des
moyens financiers spécifiques pour permettre aux établissements d’accueil
des enfants en temps scolaire, préscolaire ou périscolaire de mettre en place
des projets d’éducation à la nature et de former les animateurs pour cela.
En matière de sensibilisation, les familles doivent être massivement informées
des enjeux majeurs d’un contact étroit des enfants à la nature, en faisant de
l’expérience de nature une grande cause nationale.
En matière d’immobilier, une fiscalité favorable doit être instaurée pour encourager
les projets de construction de bâtis à biodiversité positive.
Enfin, en matière de santé et de recherche, il est urgent que soient financés
et soutenus des projets de recherche médicale permettant l’établissement de
protocoles de thérapie par la nature pour élargir la palette d’outils de soin et
de prévention, sur le modèle de ce qui existe déjà largement à l’étranger : santé
mentale, oncologie, maladies chroniques, troubles du neuro-développement…
Faire en sorte que l’expérience de nature devienne partie intégrante du corps
social ne peut être de la seule responsabilité de la société civile. Elle est clairement
de la responsabilité du politique, et nous espérons instamment, Madame
la ministre, que ce cri d’alarme sera entendu.
Le collectif Tous dehors est une initiative collective, regroupant associations,
réseaux et fondations, cultivant l’ouverture à tous types d’acteurs (petite enfance,
sport, santé, enseignement, recherche…), qui souhaite générer une évolution
sociétale majeure : développer la conscience, à tous les niveaux de la
société, de l’enjeu de l’interdépendance entre les humains et les autres êtres
vivants.
Les signataires de cette tribune sont :
Charline Cachat, fondatrice de Wild Child ; Gillian Cante, EDIAC formations, doctorante en CIFRE ; Moina Fauchier-Delavigne, cofondatrice de la Fabrique
des communs pédagogiques ; Muriel Fifils, directrice de l’Ecole Caminando
; Roland Gérard, cofondateur du Réseau école et nature ; Claire Grolleau,
présidente de Label Vie ; Alexandre Jost, fondateur de la Fabrique Spinoza
; Eric Julien, cofondateur de l’Ecole pratique de la nature et des savoirs ;
Patricia Jung-Singh, fondatrice de la Fondation Terra symbiosis ; Ophélie Lefebvre,
présidente d’Eclaireuses et éclaireurs de la nature ; François Lenormand,
vice-président de la Fédération des clubs Connaître et protéger la nature
; Rebecca Riess, directrice de l’association Le Furet petite enfance ; David
Sève, directeur de la Fondation Nature & découvertes ; Marie Simon, chargée
de mission, collectif Pétale 07 ; Yann Sourbier, formateur, Association le Mat
Ardèche ; Béatrice Venard, autoentrepreneure, ex-conseillère pédagogique.
par Collectif
des expériences de nature dès le plus jeune âge
En changeant notre modèle anthropocentrique par une prise de
conscience « écocentrique », nous dessinerons un monde en meilleure
santé, où l’être humain fait partie intégrante de la nature qui l’entoure,
expliquent les membres du collectif Tous dehors. Seule une approche
systémique permettra le développement d’un lien humain-nature.
Amélie de Montchalin, ministre de la transition écologique et de la cohésion
des territoires, a récemment appelé à la « mobilisation générale de tous les
Français » pour faire « de l’écologie notre projet national ».
Mais comment faire, quand ce phénomène silencieux s’installe dans nos sociétés
: l’amnésie environnementale – selon les termes du psychologue américain
Peter H. Kahn. Nous nous habituons, au fil des générations, à la dégradation de
notre environnement, glissant vers l’indifférence. Pourtant, les constats sont
alarmants : réchauffement climatique, sixième extinction de masse… Pourquoi
cette inaction ?
L’obésité, premier symptôme
Les premières victimes sont sans doute les enfants. Toutes les conditions sont
réunies pour les éloigner de la nature : programmes télé en continu, tablettes,
smartphones, mais aussi urbanisation croissante, confinements, réseaux de
transports inadaptés… Toute cette situation est aussi nocive pour leur santé
que pour leur avenir !
Pour nos enfants, pour notre planète, il y a désormais urgence. Pour beaucoup,
la proximité avec la nature est devenue un luxe ! Le nouveau secrétariat général
à la planification écologique doit non seulement faire le lien entre les stratégies
nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie
circulaire, mais aussi de santé et d’éducation. L’écologie ce n’est pas uniquement
gérer les externalités négatives, c’est aussi permettre à tous les Français
de bénéficier des bienfaits qu’un environnement naturel vivant et sain
peut leur apporter.
Les êtres humains, et en particulier les enfants, sont plus épanouis et heureux,
en meilleure santé physique et mentale, quand ils sont régulièrement au
contact de la nature : ce phénomène se nomme la « biophilie ». Les enfants
sont plus avancés en termes psychomoteurs et neurovisuels, plus apaisés, plus
coopératifs, plus réceptifs aux apprentissages et moins susceptibles de développer,
en tant qu’adultes, des comportements addictifs ou violents.
La reconnexion à la nature développe la sensibilité vis-à-vis de l’environnement
et l’envie de le protéger, favorisant les comportements pro-sociaux et
écologiques. A contrario, l’éloignement progressif de la nature induit chez les
enfants le syndrome du « manque de nature » qui regroupe plusieurs maux.
La santé mentale affectée
De nombreuses études ont montré les impacts négatifs du manque d’exercice
et de l’éloignement de la nature. Et la sédentarité infantile s’est nettement aggravée
depuis le début de la crise sanitaire : d’après une étude menée dans le
département du Val-de-Marne, 9 % des enfants étaient en surpoids, et 3 % en
situation d’obésité avant la crise sanitaire ; ces chiffres ont augmenté respectivement
de + 2,6 % et + 1,8 % après la crise sanitaire.
Autre impact négatif d’un éloignement de la nature, une plus grande exposition
à l’air intérieur, cinq fois plus pollué que l’air extérieur. La santé mentale
est elle aussi affectée. Selon Santé publique France (SPF), il y a eu une augmentation
de 27 % de passages aux urgences pour tentative de suicide début
2022, par rapport à la même période en 2021.
S’intéresser à notre condition humaine et à celle de notre société exige donc
de manière inexorable de se reconnecter au vivant. Il est plus que jamais nécessaire
de sensibiliser largement sur notre lien indissociable et positif avec la
nature, et ce dès le plus jeune âge.
Pour autant, il est trop facile de culpabiliser les parents. Nous n’avons pas tous
la chance de pouvoir habiter à la campagne, d’avoir un jardin, de passer nos
vacances dans des lieux préservés… Vivre en proximité avec la nature doit être
un droit fondamental pour tous les enfants de la République, et c’est au politique
de prendre ses responsabilités ! Nous avons besoin de politiques ambitieuses
et immédiates, pour permettre à chacun de vivre des expériences de
nature, régulières et variées, dès le plus jeune âge et jusqu’à l’âge adulte.
Penser l’aménagement
En changeant notre modèle anthropocentrique par une prise de conscience
« écocentrique », nous dessinerons un monde en meilleure santé, où l’être humain
fait partie intégrante de la nature qui l’entoure.
Toutes les politiques publiques doivent impérativement se saisir de l’urgence :
il ne suffit pas de dire aux parents de faire sortir leurs enfants quelques heures
par jour ou de les mettre au sport, le problème est plus profond !
Nous considérons que seule une approche systémique permettra le développement
d’un lien humain-nature. En matière d’urbanisme, il faut concevoir
l’aménagement en fonction des enjeux d’accès aux espaces verts, comme le
préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et penser au développement
de la biodiversité.
En matière d’éducation, les programmes scolaires doivent légitimer les expériences
de nature, et l’éducation nationale donner les moyens de leur application.
Une formation initiale et continue des enseignants, visant à les mettre en
capacité d’intégrer le contact avec la nature dans leurs projets pédagogiques,
doit être mise en place.
Des protocoles de thérapie
Mais il faut également prévoir la renaturation des lieux d’éducation pour
en faire des lieux accueillant un maximum de biodiversité. Et mobiliser des
moyens financiers spécifiques pour permettre aux établissements d’accueil
des enfants en temps scolaire, préscolaire ou périscolaire de mettre en place
des projets d’éducation à la nature et de former les animateurs pour cela.
En matière de sensibilisation, les familles doivent être massivement informées
des enjeux majeurs d’un contact étroit des enfants à la nature, en faisant de
l’expérience de nature une grande cause nationale.
En matière d’immobilier, une fiscalité favorable doit être instaurée pour encourager
les projets de construction de bâtis à biodiversité positive.
Enfin, en matière de santé et de recherche, il est urgent que soient financés
et soutenus des projets de recherche médicale permettant l’établissement de
protocoles de thérapie par la nature pour élargir la palette d’outils de soin et
de prévention, sur le modèle de ce qui existe déjà largement à l’étranger : santé
mentale, oncologie, maladies chroniques, troubles du neuro-développement…
Faire en sorte que l’expérience de nature devienne partie intégrante du corps
social ne peut être de la seule responsabilité de la société civile. Elle est clairement
de la responsabilité du politique, et nous espérons instamment, Madame
la ministre, que ce cri d’alarme sera entendu.
Le collectif Tous dehors est une initiative collective, regroupant associations,
réseaux et fondations, cultivant l’ouverture à tous types d’acteurs (petite enfance,
sport, santé, enseignement, recherche…), qui souhaite générer une évolution
sociétale majeure : développer la conscience, à tous les niveaux de la
société, de l’enjeu de l’interdépendance entre les humains et les autres êtres
vivants.
Les signataires de cette tribune sont :
Charline Cachat, fondatrice de Wild Child ; Gillian Cante, EDIAC formations, doctorante en CIFRE ; Moina Fauchier-Delavigne, cofondatrice de la Fabrique
des communs pédagogiques ; Muriel Fifils, directrice de l’Ecole Caminando
; Roland Gérard, cofondateur du Réseau école et nature ; Claire Grolleau,
présidente de Label Vie ; Alexandre Jost, fondateur de la Fabrique Spinoza
; Eric Julien, cofondateur de l’Ecole pratique de la nature et des savoirs ;
Patricia Jung-Singh, fondatrice de la Fondation Terra symbiosis ; Ophélie Lefebvre,
présidente d’Eclaireuses et éclaireurs de la nature ; François Lenormand,
vice-président de la Fédération des clubs Connaître et protéger la nature
; Rebecca Riess, directrice de l’association Le Furet petite enfance ; David
Sève, directeur de la Fondation Nature & découvertes ; Marie Simon, chargée
de mission, collectif Pétale 07 ; Yann Sourbier, formateur, Association le Mat
Ardèche ; Béatrice Venard, autoentrepreneure, ex-conseillère pédagogique.
par Collectif
Tribune parue dans La Croix - 13 octobre 2022 « L’éducation par la nature doit être pleinement incluse dans les programmes scolaires »
Tribune parue dans La Croix - 13 octobre 2022 « L’éducation par la nature doit être pleinement incluse dans les programmes scolaires »
Type de ressource
- Plaidoyer
Auteur
Collectif
Généralisons l'école Dehors ! juin 2023 CFEEDD - Graine Poitou-Charente - Fabrique des Communs Pédagogoque - FRENE
Généralisons l'école Dehors ! juin 2023 CFEEDD - Graine Poitou-Charente - Fabrique des Communs Pédagogoque - FRENE
Type de ressource
- Plaidoyer
Description
Généralisons l'école dehors !